La polémique sur les navires de secours aux migrants couvait depuis plusieurs semaines en Italie. Les uns prétendent que certaines ONG auraient pu être liées aux trafiquants de migrants en Libye, les autres le dénoncent. En février, le procureur de Catane, Carmelo Zuccaro, a entamé une série d'interrogations pour trouver la vérité.
«Je suis à 100% d'accord avec le procureur Zuccaro parce qu'il a posé une vraie question [...]. Ceux qui s'indignent sur commande sont des hypocrites», a déclaré le chef de la diplomatie italienne Angelino Alfano à la presse lors d'une visite à Taormine, où se tiendra fin mai le sommet du G7.
A la suite de l'organisation maltaise Moas, qui a lancé son premier bateau à l'été 2014, près d'une dizaine d'ONG, financées par des dons privés, participent aux opérations de secours de migrants au large de la Libye, en coordination avec les garde-côtes italiens et les navires militaires engagés dans la zone. Ces ONG ont fermement réagi, réaffirmant que leur action visait à sauver des vies sur une route migratoire qui a fait plus de 4 500 morts en 2016 et déjà un millier cette année.
Mais ces derniers jours, le procureur a multiplié les déclarations fracassantes dans les médias. Le 23 avril, il a assuré avoir «des preuves» de contacts entre des passeurs et des ONG. Le 27 avril, il a ajouté, en regrettant de ne pas avoir les moyens d'enquêter sur ces hypothèses, que certaines ONG étaient peut-être financées par des trafiquants et qu'elles pouvaient aussi viser à «déstabiliser l'économie italienne». Le ministre de la Justice, Andrea Orlando, a alors demandé au procureur de s'exprimer avant tout «au travers de ses enquêtes et de ses actes», tandis que des magistrats ont saisi le Conseil supérieur de la magistrature pour déterminer si Carmelo Zuccaro était allé trop loin.
Mais le Mouvement 5 étoiles et la Ligue du Nord ont salué le courage du procureur, et le ministre de l'Intérieur, Marco Minniti, a évoqué «des questions qui ne peuvent pas être sous-évaluées», tout en appelant à éviter «de généraliser».
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