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Riyad à la Commission des droits des femmes de l’ONU : la Belgique «regrette», WikiLeaks s’en mêle

L’entrée de l’Arabie saoudite, pays qui interdit notamment à ses citoyennes de conduire, à la Commission des droits des femmes des Nations unies, fait grincer des dents. Et pourtant, plusieurs pays européens auraient voté en ce sens.

«Je regrette ce vote. Si c’était à refaire, le gouvernement aurait plaidé pour qu’il n’y ait pas le soutien [à l’adhésion de l’Arabie saoudite à la Commission du droit des femmes de l’ONU]», a déclaré Charles Michel le 27 avril, devant le parlement belge.

Le Premier ministre belge a ajouté que le représentant belge à l’ONU n’avait pas eu le temps de consulter son gouvernement.

Les regrets du Premier ministre n’ont pourtant pas suffi à faire taire les critiques dans l’opposition belge. Devant la Chambre, le député du Parti socialiste Marc Tarabella a ainsi qualifié le vote d’«insulte» et de «moquerie à l’égard des femmes», appelant l’ONU à dénoncer ouvertement la position saoudienne sur la question.

«C’est une opportunité manquée de poser un geste fort pour les droits des femmes, aujourd’hui piétinés par un acte qui a déshonoré notre pays», a ajouté la socialiste belge Gwenaelle Grovonius.

Directeur général de UN Watch, ONG chargée de s’assurer que les Nations unies respectent bien leurs principes, Hillel Neuer a commenté : «L’Arabie saoudite a peut-être une grande partie du pétrole dans le monde, mais son mépris pour les droits fondamentaux des femmes ne devrait jamais être légitimé par des corps de l’ONU.»

La France refuse de dévoiler son vote

Si le scrutin s’est déroulé à bulletin secret, Hillel Neuer, cité par le Huffington Post, a calculé qu’au minimum six pays européens avaient voté en faveur de l'entrée de Riyad à la Commission de la condition de la femme de l'ONU.

Du côté du ministère français des Affaires étrangères, interrogé par le média, on assure que «la France vote toujours en fonction de ses principes», tout en maintenant : «La nature de ce vote ne sera jamais dévoilée puisqu'il s'est déroulé à bulletins secrets.»

WikiLeaks offre une récompense pour connaître le vote de la Suède

Le site WikiLeaks, fondé par le lanceur d'alerte Julian Assange, offre pour sa part une somme d’argent à quiconque pourra aider à divulguer le vote de Stockholm, connu pour être à la pointe en matière de droit des femmes.

«La Suède cache des informations au sujet de son vote pour l'adhésion de l'Arabie saoudite à la Commission des droits des femmes à l'ONU. Nous offrons une récompense de 10 000 dollars», peut-on en effet lire sur le compte Twitter de l'organisation.

Sur les 54 Etats membres du Conseil économique et social des Nations unies, 47 ont voté en faveur de l’entrée de Riyad à la Commission de la condition des femmes de l'ONU, au cour d'un scrutin secret, dont le résultat a été dévoilé par UN Watch le 22 avril.

En Arabie saoudite, les femmes ne sont pas autorisées à conduire et doivent notamment obtenir la permission d’un tuteur masculin pour voyager ou pour subir une opération médicale.

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