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Attaque chimique présumée en Syrie : le renseignement français incrimine Damas

Jean-Marc Ayrault a présenté le 26 avril un rapport selon lequel le procédé de fabrication du sarin, qui aurait été utilisé dans l'attaque présumée, porterait la signature de Damas.

«Le recours au sarin ne fait aucun doute. La responsabilité du régime syrien ne fait pas de doute non plus compte tenu du procédé de fabrication du sarin utilisé», a déclaré Jean-Marc Ayrault à l'issue d'un Conseil de Défense le 26 avril. Le chef de la diplomatie française y a présenté un rapport exposant les résultats des analyses des services de renseignement français concernant l'attaque chimique présumée contre la localité de Khan Cheikhoun en Syrie, qui a fait 87 morts le 4 avril.

Selon Jean-Marc Ayrault, ce rapport effectué sur la base prélèvements et d'analyses effectués par les services français, permet d'établir, «de source certaine, que le procédé de fabrication du sarin prélevé est typique de la méthode développée dans les laboratoires syriens». Le ministre a ajouté : «Cette méthode porte la signature du régime et c’est ce qui nous permet d’établir sa responsabilité dans cette attaque.»

Le document analyse ce qui s’est passé le 4 avril, à la fois à partir de prélèvements effectués sur place et d’examens biomédicaux des victimes effectués dans les hôpitaux, précise le journal Le Monde. La note du renseignement évoque une similitude du produit utilisé le 4 avril avec le contenu d’une grenade chimique – qui n’avait pas explosé – retrouvée le 29 avril 2013, dans une attaque intervenue à Saraqeb.

«Tout concorde pour accuser Damas, l’assemblage, le mélange, le vecteur», estime un diplomate français.

Aucune enquête de terrain

Auparavant Londres avait porté des accusations similaires concernant l'utilisation du gaz sarin, par la voie d'un porte-parole du ministère de la Défense britannique. Ce dernier avait déclaré sur CNN que des analyses portant sur des échantillons de cheveux et de sang des victimes avaient été menées dans des laboratoires britanniques, dont les résultats révéleraient la présence de «sarin ou [d']une substance proche du sarin».

Ces accusations avaient laissé perplexe Moscou, dont le ministre des Affaires étrangères Sergeï Lavrov avait rappelé que les demandes de la Russie à la France et au Royaume-Uni de révéler les sources utilisées pour tirer leurs conclusions étaient restées sans réponse.

Par ailleurs, le diplomate leur avait aussi demandé d’expliquer quand ils avaient reçu ces échantillons. Les conclusions du renseignement français sont en effet rendues publiques alors que les pays occidentaux ont bloqué la proposition de Moscou d’envoyer des experts de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) dans la province d'Idlib pour y mener une enquête sur l'attaque chimique présumée.

Le 20 avril, la Russie et l'Iran ont demandé aux enquêteurs de se rendre non seulement à Khan Cheikhoun, pour vérifier l'utilisation présumée d'armes chimiques, mais aussi de visiter la base aérienne d'Al-Chaayrate d'où, selon Washington, auraient décollé des avions syriens chargés de bombes chimiques. Pourtant, 21 pays occidentaux, notamment la France et l’Angleterre, se sont exprimés contre cette proposition.

D'après Moscou et Damas, la contamination chimique aurait eu lieu à la suite d'un bombardement par l'aviation syrienne d'un dépôt d'armes contenant des gaz de combat qui appartenait aux djihadistes contrôlant la zone.

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