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Drame de Khan Cheikhoun : le Trésor américain sanctionne 271 scientifiques syriens

Alors que l'implication de Damas n'est toujours pas établie, les Etats-Unis ont décrété des sanctions financières contre les scientifiques d'un centre syrien de recherches en réponse à l'attaque au gaz toxique présumée du 4 avril 2017 en Syrie.

Les Etats-Unis refusent toujours une enquête indépendante, mais continuent de faire comme si la responsabilité du gouvernement de Damas dans l'empoisonnement au gaz toxique de dizaines de civils à Khan Cheikoun en Syrie était établie.

Sans attendre le résultat d'investigations quelconques, le Trésor américain a ainsi décidé de prendre des sanctions contre 271 scientifiques syriens. Selon l'administration américaine, ces personnes, travaillant pour le Centre de recherches et d'études scientifiques de Syrie (SSRC), ont «une expertise en chimie et/ou ont travaillé sur le programme des armes chimiques depuis au moins 2012».

Une fois placés sur la liste noire de l'administration américaine, ces scientifiques syriens voient leurs éventuels avoirs aux Etats-Unis gelés et il leur est interdit d'utiliser le système financier américain.

L'OFAC, l'agence du Trésor américain compétente pour les avoirs de ressortissants non américains, précise que ces sanctions sont adoptées «en réponse à l'attaque du 4 avril 2017 au gaz sarin à l'encontre de civils innocents dans la ville de Khan Cheikhoun par le dictateur du régime syrien Bachar al-Assad».

Il s'agit de sanctions parmi les plus importantes jamais adoptées par le Trésor américain, compte tenu du nombre de personnes touchées, a précisé un haut responsable, selon l'AFP.

Un haut responsable américain a toutefois précisé qu'il était difficile de prévoir les conséquences et l'efficacité de ces sanctions. Mais il a ajouté que ces scientifiques avaient été visés parce qu'ils étaient «hautement qualifiés», qu'ils avaient «la possibilité de voyager et d'utiliser le système financier américain».

Les Etats-Unis réticents à l'idée d'une enquête sur le terrain

Le 21 avril 2017, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s'était entretenu au téléphone avec son homologue américain, Rex Tillerson afin d'apaiser les tensions entre les deux pays au sujet de la question syrienne. Sergueï Lavrov avait notamment «exprimé ses regrets face à l'opposition des Etats-Unis au sein de l'Organisation internationale pour l'interdiction des armes chimiques [OIAC] à l'initiative [...] d'envoyer en Syrie des inspecteurs pour vérifier les informations sur le recours au gaz sarin à Khan Cheikhoun».

La veille, l'OIAC avait rejeté la proposition de Moscou et de Téhéran de mettre en place une nouvelle équipe chargée d'enquêter sur l'attaque chimique présumée en Syrie début avril.

Le projet de texte russo-iranien, dont l'AFP a pris connaissance, visait notamment à établir in situ si des armes chimiques avaient bien été utilisées à Khan Cheikhoun, ainsi qu'à déterminer si elles avaient bien été larguées sur la ville ou si elles faisaient partie d'un dépôt contrôlé par des «rebelles» djihadistes.

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