Cela fait vingt mois que les discussions ont débuté. L'Iran et les grandes puissances du P5+1 (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Chine et Russie) sont à la recherche d'un accord «historique» pour réglementer le programme nucléaire iranien. Le but : s'assurer que Téhéran ne fera pas de tentatives pour disposer de la bombe nucléaire. Pour faire entendre raison à l'Iran, les grandes puissances se sont dites prêtes à lever les sanctions internationales qui asphyxient le pays depuis près de dix ans.
Après de nombreuses séances de négociations infructueuses, les belligérants ont décidé de s'accorder des prolongations. Les débats pourront se poursuivre jusqu'au mardi 30 juin, mais pas au-delà. La volonté de trouver un accord lors de la séance actuelle de discussions reste inchangée.
Un engagement qu'il va être difficile de respecter, s'il on en croit les protagonistes des négociations. Pour Philip Hammond, le ministre des Affaires étrangères britannique, «des décisions très difficiles vont devoir être prises». Le chef de la diplomatie à Londres a par ailleurs affirmé qu'il préférait «pas d'accord plutôt qu'un mauvais accord». Un point de vue partagé par son homologue iranien Mohammad Javad Zarif qui dit être à la recherche d'un «bon accord global».
La chef de la diplomatie de l'Union Européenne (UE), l'italienne Federica Mogherini, est plus optimiste : «c'est une volonté politique,» affirme-t-elle, arguant que «si toutes les parties font preuve de volonté politique, on y arrivera».
Des exigences incompatibles
Réunis à Vienne, les dirigeants du P5+1 ne parviennent pas à faire bouger l'Iran de ses positions. La république islamique refuse toujours obstinément toute inspection des sites militaires. Pour le leader politique et religieux Ali Khamenei, c'est une «ligne rouge» infranchissable. Le représentant de sa diplomatie, Mohammad Javad Zarif, est rentré à Téhéran, dimanche 28 au soir, afin de s'entretenir avec sa hiérarchie avant la reprise des négociations. Une pratique autorisée : «nous avons toujours dit que les ministres peuvent avoir besoin de faire des allers-retours», précise un officiel de la délégation américaine conduite par le secrétaire d'état John Kerry.
Pour les grandes puissances, des inspections «rigoureuses» des sites militaires iraniens, «y compris militaires si nécessaires» sont une condition sine qua non à la levée des sanctions, d'après le ministre Français des Affaires étrangères Laurent Fabius. En cas de manquement aux exigences de limitation durable des capacités nucléaires de Téhéran, de recherche et de production, le P5+1 menace d'un retour automatique des sanctions.
Autre point de désaccord : la volonté iranienne d'une levée subite des sanctions, là où les grandes puissances parlent de levée progressive et réversible. Par la voix de son président du parlement Ali Larijani, cité par l’agence Irna dimanche, Téhéran a fait savoir qu'un accord était souhaitable mais pas indispensable. «Nous accueillons favorablement un accord car c'est dans l'intérêt de tous mais ne croyez pas que nous supporterons plus de pressions», a menacé le président du parlement iranien avant d'ajouter : «n'obligez pas l'Iran à renoncer à la voix des négociations».
Si un accord était trouvé, il prendrait vraisemblablement une dimension historique : ce serait le premier pas entre une potentielle réconciliation entre les États-Unis et l'Iran, dont les relations diplomatiques sont gelées depuis 35 ans. Un accord signifierait aussi un possible retour sur la scène internationale de la République Islamique chiite. Une perspective qui inquiète Israël autant que les puissances sunnites.