Le 19 avril, la chaîne publique belge francophone RTBF a révélé que le téléphone de Brahim Abdeslam, qui déclenchera son gilet explosif au café Comptoir Voltaire à Paris, le 13 novembre 2015, avait été saisi par la police bruxelloise dans le cadre d'une enquête pour trafic de drogue en février de la même année.
Ce «nouvel» élément laisse entrevoir la radicalisation de Brahim Abdeslam. Il est apparu lors d'une audience à huis clos de la commission d'enquête du Parlement, qui examine comment les futurs auteurs des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et du 22 mars 2016 à Bruxelles ont pu échapper aux services de renseignement et de police en Belgique, où ils avaient leur base, selon la RTBF.
A l'époque de sa saisie, une analyse sommaire du contenu du téléphone n'avait rien révélé. Le dossier de Brahim Abdeslam et de son frère Salah Abdeslam, seul survivant des commandos de Paris, n'avait pas été jugé prioritaire et l'enquête n'avait pas été poussée plus loin.
Lorsqu'en novembre 2015, après les attaques de Paris, le nom des deux frères Abdeslam est apparu, les enquêteurs ont voulu réexaminer le téléphone de Brahim, mais il avait disparu. Il n'a été retrouvé qu'en novembre 2016, sous une pile de papiers dans le commissariat bruxellois où Brahim avait été entendu.
En février dernier, une nouvelle analyse, menée avec des logiciels plus puissants, a permis de mettre au jour une conversation sur Facebook entre Abdelhamid Abaaoud et Brahim Abdeslam, selon la RTBF.
«Qu'Allah te guide dans la voie du djihad et t'accorde le martyr. Déchire ces kouffars [mécréants] et prends leur un maximum de porcs et viens rejoindre l'armée d'Allah», disait Abaaoud à Brahim Abdeslam dans cette conversation datant, selon la télévision belge, de juillet 2014.
A la même époque, une policière de l'unité antiterroriste avait été informée par une source que deux frères du quartier de Molenbeek à Bruxelles se vantaient d'être en contact avec un réseau djihadiste en Syrie. Mais son information n'a, selon elle, pas été correctement traitée par ses supérieurs et le recoupement avec les frères Abdeslam n'a pas été fait.
«Cela change mon regard sur la manière dont les enquêtes antérieures aux attentats de Paris et de Bruxelles ont été menées», a commenté sur la RTBF la député Laurette Onkelinx, membre de la commission d'enquête parlementaire dont les recommandations sont attendues le 30 avril.