«Où que vous regardiez» au Moyen-Orient, «s'il y a des problèmes il y a l'Iran», a accusé le chef du Pentagone à Riyad, le 19 avril, après des rendez-vous avec le roi Salmane d'Arabie saoudite et le ministre saoudien de la Défense, le vice-prince héritier Mohammed ben Salmane.
En revanche, Jim Mattis a loué les efforts de l'Arabie saoudite, chef de file des monarchies pétrolières du Golfe et puissance sunnite de la région, pour «restaurer la stabilité dans cette cruciale région du monde». «Il est dans notre intérêt de voir des forces armées et des services secrets saoudiens forts», a-t-il souligné.
Le conflit au Yémen
Pour autant, il n'a pas indiqué si les Etats-Unis comptaient renforcer leur soutien militaire à la coalition menée par l'Arabie saoudite, qui combat au Yémen les rebelles Houthis, soutenus par l'Iran.
Les Etats-Unis cherchent avant tout au Yémen «à amener ce conflit dans des négociations sous l'égide des Nations unies, pour s'assurer qu'il se termine le plus tôt possible», a souligné secrétaire américain à la Défense.
Les responsables du Pentagone sont convaincus qu'il faut augmenter la pression militaire sur les Houthis pour les ramener à la table des négociations.
Mais les critiques internationales sur le grand nombre de victimes civiles occasionnées par les bombardements de la coalition arabe rendent plus difficile un engagement militaire accru de Washington au côté des Saoudiens et des Emiratis, les fers de lance de la coalition.
L'administration américaine n'a pas encore fait savoir, par exemple, si elle allait revenir sur le gel de la fourniture de bombes à guidage de précision à l'Arabie saoudite, décidé en décembre dernier par l'administration Obama, inquiète du nombre de victimes civiles au Yémen.
Depuis l'intervention de la coalition en mars 2015, plus de 7 700 personnes (en majorité des civils) ont été tuées et 42 500 blessées dans le conflit au Yémen.
Toutes les médiations de l'ONU et sept accords de cessez-le-feu ont échoué.
L'administration Trump cherche à réchauffer les relations avec l'allié saoudien, qui s'étaient refroidies sous l'administration Obama. L'Arabie saoudite s'était notamment sentie marginalisée lors de la négociation de l'accord sur le nucléaire iranien, signé en juillet 2015 par le précédent gouvernement américain.
Donald Trump ne marche pas sur les traces de Barack Obama
L'administration Trump compte s'appuyer davantage sur Ryad pour mener sa politique au Moyen-Orient et le président américain, pour l'instant peu friand de déplacements internationaux, pourrait se rendre en Arabie saoudite, selon Jim Mattis.
Riyad trouve une oreille désormais plus favorable à Washington avec l'administration Trump, qui ne cesse de dénoncer «l'influence néfaste» de l'Iran au Moyen-Orient.
«Nous devons empêcher l'effort de l'Iran pour déstabiliser» le Yémen et y créer «une nouvelle milice à l'image du Hezbollah», le groupe de combattants chiites libanais, a ainsi déclaré le secrétaire à la Défense américain.
Washington aimerait en outre que le royaume saoudien augmente sa participation à la campagne contre le groupe djihadiste sunnite Etat islamique (EI) en Irak et Syrie. La guerre contre l'EI reste «la priorité numéro 1» des militaires américains, a-t-il affirmé.
Jim Mattis s'est rendu à Ryad au premier jour d'une tournée au Moyen-Orient qui doit le mener également en Egypte, en Israël, au Qatar et à Djibouti en Afrique.
Certains experts conservateurs américains poussent la nouvelle administration américaine à travailler à la constitution d'un front commun contre l'Iran entre Israël et les pétromonarchies du Golfe qui, pour l'instant, n'ont pas de relations diplomatiques avec l'Etat hébreu.