«Les Etats-Unis, le département d'Etat, ont donné leur feu vert et leur approbation à un processus putschiste effronté en vue d'une intervention au Vénézuéla», a accusé le 18 avril le président vénézuélien, Nicolas Maduro. Il a tenu ces propos lors d'une réunion avec les hauts responsables politiques et militaires qui a été diffusée à la radio, ainsi qu'à la télévision.
Nicolas Maduro a également accusé l'opposition de «vouloir la violence» et de projeter de le renverser avec l'aide des Etats-Unis. Le président vénézuélien a aussi relevé «l'arrivée d'extrémistes et de putschistes interventionnistes à des positions clés du pouvoir américain, de même que le chaos provoqué par la présidence de Donald Trump».
L'héritier politique d'Hugo Chavez (président de 1999 à son décès en 2013) réagissait à une déclaration de Mark Toner, porte-parole du département d'Etat américain. Ce dernier avait mis en garde, le 18 avril également, les autorités de Caracas en les appelant à cesser de réprimer les manifestations de l'opposition.
«Ceux qui sont responsables de la répression criminelle d'activités démocratiques pacifiques [...] se verront individuellement demander des comptes pour leurs actions par le peuple vénézuélien et ses institutions, comme par la communauté internationale», avait déclaré le porte-parole du département d'Etat américain.
Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a affirmé que Washington suivait avec préoccupation la situation au Venezuela. «Nous sommes préoccupés par le fait que le gouvernement de Maduro viole sa propre constitution et n'autorise pas l'opposition à faire entendre sa voix ni à s'organiser de façon à exprimer l'opinion du peuple vénézuélien», a déclaré le chef de la diplomatie américaine.
Le «Plan Zamora» déclenché la veille de «la mère de toutes les manifestations»
Selon Nicolas Maduro, le Vénézuéla subit en ce moment «une attaque internationale dirigée par les Etats-Unis» et dont l’objectif est de «provoquer une intervention impérialiste». En conséquence, il a annoncé le 18 avril qu'il activait une opération militaire, policière et civile appelée «Plan Zamora».
«Attention : activation de la phase verte du Plan Zamora pour mettre en échec le coup d'Etat, l'escalade de la violence», a-t-il ainsi ordonné lors de sa réunion avec les responsables militaires et politiques. De plus, il a décrété le renforcement des milices civiles, qui compteront 500 000 membres avec «un fusil pour chacun» en vue d'une éventuelle «intervention étrangère».
Le déclenchement du plan Zamora est survenu la veille d'un défilé présenté par l'opposition comme «la mère de toutes les manifestations». Il s'agira de la sixième mobilisation depuis début avril, en faveur d'élections anticipées et en défense du Parlement, la seule institution contrôlée par l'opposition.
La manifestation du 19 avril tentera de parvenir jusqu'aux bureaux du Défenseur du peuple dans le centre de Caracas, considéré comme un bastion acquis au président Nicolas Maduro. Les autorités ont déjà prévenu qu'elles ne laisseraient pas les manifestants aller jusqu'à cette zone où aura lieu un autre défilé, celui des partisans du chef de l'Etat.
Lors des précédentes protestations, ce sont justement les tentatives de passage en force des manifestants bloquées par les forces de l'ordre qui avaient provoqué des violences. En trois semaines, cette vague de manifestations a fait cinq morts et des dizaines de blessés. Plus de 200 personnes ont également été arrêtées par les forces de l'ordre.