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Bachar el-Assad : l'attaque chimique présumée de Khan Cheikhoun est «une fabrication à 100%»

Le dirigeant syrien a accusé Washington de ne pas réellement œuvrer à une solution en Syrie et d'être complice des terroristes. Il s'est dit prêt à ouvrir une enquête internationale sur l'attaque chimique présumée.

Khan Cheikhoun, une «fabrication» occidentale selon Damas

«Il s’agit pour nous d’une fabrication à 100% […] Notre impression est que l’Occident, principalement les Etats-Unis, est complice des terroristes et qu’il a monté toute cette histoire pour servir de prétexte à l’attaque [de la base syrienne d'Al-Chaayrate]», a déclaré Bachar el-Assad dans un entretien à l'AFP réalisé le 12 avril et diffusé le lendemain.

Le président syrien a poursuivi : «Nous ne possédons pas d’armes chimiques [...] Il y a plusieurs années, en 2013, nous avons renoncé à tout notre arsenal [...] Et même si nous possédions de telles armes, nous ne les aurions jamais utilisées.»

«Les seules informations dont dispose le monde [sur l'attaque chimique présumée] jusqu'à présent sont celles publiées par la branche d'Al-Qaïda», Fateh al-Cham, qui contrôle en majorité la ville de Khan Cheikhoun, a-t-il poursuivi.

Nous ne pouvons permettre une enquête que si elle est impartiale

Le chef d'Etat s'est ensuite dit prêt à l'ouverture d'une enquête internationale sur l'attaque présumée, à condition que celle-ci soit indépendante.

«Nous allons œuvrer [avec la Russie] en vue d’une enquête internationale. Mais elle doit être impartiale. Nous ne pouvons permettre une enquête que si, et seulement si, elle est impartiale et en nous assurant que des pays impartiaux y prendront part pour être sûrs qu’elle ne sera pas utilisée à des fins politiques», a déclaré Bachar el-Assad.

Le bombardement d'Al-Chaayrate, inefficace

Il a ensuite évoqué la frappé américaine contre la base d'Al-Chaayrate, après laquelle Washington avait prétendu avoir détruit 20% des capacités aériennes des forces syriennes.

«Notre puissance de feu, notre capacité à attaquer les terroristes n'a pas été affectée par cette frappe», a rétorqué Bachar el-Assad.

Washington «pas sérieux» dans sa recherche de solution en Syrie

«Les Etats-Unis ne sont pas sérieux [dans la recherche] d'une solution politique quelconque. Ils veulent utiliser le processus politique comme un parapluie pour les terroristes», a également lancé le dirigeant syrien.

Questionné sur la possibilité d'une seconde frappe américaine, Bachar el-Assad a déclaré s'y préparer. 

«Tant que les Etats-Unis resteront gouvernés par ce rassemblement du complexe militaro-industriel, d'entreprises financières et bancaires, ce qu'on peut appeler l'état profond qui œuvre dans l'intérêt de ces groupes, bien sûr que cela peut se reproduire n'importe quand et n'importe où, et pas seulement en Syrie», a-t-il affirmé. 


«La situation humanitaire en Syrie, l'effusion quotidienne du sang, l'endurance, les souffrances ressenties dans chaque foyer en Syrie. C'est la seule chose pénible et fatigante, si on peut parler de "fatigue". Mais si vous vouliez parler de la guerre, de la politique, des rapports avec l'Occident, non, je ne suis pas du tout fatigué, car nous défendons notre pays, et on ne se lassera jamais de le défendre», a-t-il conclu. 


L’interview de Bachar el-Assad à l’AFP survient dans un contexte particulièrement tendu, Washington ayant bombardé la base aérienne syrienne d’Al-Chaayrate le 7 avril. L'administration Trump a indiqué avoir agi en représailles à l’attaque chimique présumée de Khan Cheikhoun, que Washington impute à l’armée syrienne, sans fournir de preuves.

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