La Russie continuera à soutenir l'armée syrienne dans son action antiterroriste, d'après Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, ce 5 avril. Il était interrogé sur un éventuel changement de politique vis-à-vis de la Syrie après l'attaque chimique présumée menée près de Khan Sheikoun, dans la province d'Idlib.
S'appuyant sur les premières conclusions de l'armée russe, qui considère que la contamination peut avoir pour origine le bombardement d'un entrepôt d'armes des rebelles contenant un arsenal chimique, Dmitri Peskov a ainsi assuré que la Russie poursuivrait sa coopération avec la Syrie. «Vous avez pris connaissance de la déclaration du ministère de la Défense russe à ce sujet, et je n'ai rien à y ajouter», a-t-il déclaré aux journalistes lors d'une conférence de presse.
La Russie juge «inacceptable» en l'état le projet de résolution présenté par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni condamnant l'attaque chimique présumée en Syrie, a indiqué la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.
«Le texte présenté est catégoriquement inacceptable. Son défaut est d'anticiper les résultats de l'enquête et de désigner des coupables», a déclaré Maria Zakharova lors d'une conférence de presse, dénonçant un projet «anti-syrien» et de nature à aggraver encore la situation.
Le ministère de la Défense russe avait en effet déjà annoncé que la Russie soutiendrait le gouvernement syrien à l'ONU et défendrait la version des faits selon laquelle l'aviation syrienne ignorait la présence d'armes chimiques dans l'entrepôt visé.
Au moins 70 personnes, parmi lesquelles 11 enfants, ont trouvé la mort dans la ville de Khan Sheikoun, selon l'Organisation mondiale de la santé, après une présumée attaque aérienne conduite le 4 avril au matin. Les rebelles accusent le gouvernement syrien d'être l'auteur d'une attaque chimique – des allégations largement reprises par nombre de pays occidentaux. Outre la France et le Royaume-Uni, le président du Conseil européen Donald Tusk a désigné le «régime syrien» comme le «principal responsable des atrocités en Syrie».
Plusieurs voix notent néanmoins que l'attaque chimique présumée a eu lieu à la veille d'une conférence très importante à Bruxelles entre l’ONU et l’Union européenne, dans un contexte par ailleurs favorable au gouvernement syrien, tant à l'intérieur du pays que sur la scène internationale : la semaine précédente, Washington avait même cessé d'exiger le départ de Bachar el-Assad, mantra de la diplomatie américaine au cours des cinq dernières années. Pour certains analystes, l'armée syrienne n'avait donc aucun intérêt stratégique ou politique à conduire une telle attaque à cet endroit.