International

«Arrêtez le massacre !», une vieille Syrienne s'insurge contre les combattants de l’Etat islamique

La vidéo d'une vieille dame syrienne faisant face face aux guerriers de l’Etat islamique (l’EI) bat des records de popularité sur les réseaux sociaux. L'audacieuse aînée qualifie les combattants de «démons».

Deux combattants de l’EI sont assis dans une voiture lorsqu'une femme non identifiée vêtue de vêtements traditionnels arabes s’approche d'eux pour leur lancer une malédiction. 

«Oh, vous êtes des diables, revenez à Dieu », a-t-il dit en leur demandant des comptes sur la mort d'un Kurde près de chez elle et sur d'autres carnages qu'ils ont commis. «Tout cela est interdit. Je jure que rien de ce que vous avez fait n’était dans la voie de Dieu».

«Revenez à Dieu», répète-t-elle comme un mantra. «le meurtre est interdit».

Les hommes dans la voiture semblent premièrement frappés par l'audace de la femme âgée. 

«Mémé, que voulez-vous dire ? Entre nous c'est permis», répondent-ils d'un ton moqueur. 

La vieille dame cite ensuite plusieurs passages du Coran pour prouver aux combattants qu'ils violent les doctrines des imams sunnites syriens. 

«Mémé, nous sommes pressés, allez vous promener», lui a dit  un des djihadistes. 

Mais la femme âgée n'a pas encore fini : «Aucun de vous ne gagnera, personne ne gagnera, vous ne cesserez de vous tuer les uns les autres comme des ânes». 

«Oh, la mémé est un poète», ont plaisanté les militants en réponse. 

«Votre état [ l’Etat islamique ] est maudit », déclare-t-elle en citant le Coran à nouveau.

«Et si deux groupes de croyants se combattent, faites la conciliation entre eux. Si l'un d'eux se rebelle contre l'autre, combattez le groupe qui se rebelle. Vous ne désirez pas ce massacre, vous ne désirez ces meurtres non plus».  

Les individus se moquent éperdument de ce que dit la personne âgée. L'un d'entre eux répond par un slogan de l’EI : «Nous sommes venus à vous avec le massacre».  

«Maintenant, quand vous avez l'argent et les armes des Etats-Unis vous ne voulez que vous tuer les uns les autres», la mémé continue  son attaque verbale. 

«Ce que vous dîtes est vrai», répond l'un des combattants. 

«Revenez à Dieu», exhorte-t-elle. 

«Nous nous en allons maintenant», répondent-ils. 

«Dieu observe ce que vous faites», dit-elle dans les derniers moments de la vidéo. 

L'EI est un groupe de rebelles djihadistes qui contrôle des territoires en Irak et en Syrie et qui est actif également dans l'est de la Libye, dans la péninsule du Sinaï en Égypte et dans d'autres régions du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et d’Asie. Les Nations Unies tiennent le groupe responsable de crimes de guerre et de violation des droits fondamentaux tandis que Amnesty International lui attribue des «nettoyages ethniques d'une ampleur historique». Amnesty International a constaté que l'EI a systématiquement ciblé les communautés musulmanes non-arabes et non-sunnites, tué ou enlevé des centaines voire des milliers de personnes  et forcé plus de 830 000 à fuir des zones sous son contrôle depuis le 10 juin 2014. 

L'EI a récemment menacé d'exécuter au moins 17 combattants kurdes en les brûlant vifs dans une cageà l'instar du sort infligé au pilote jordanien al-Muath Kaseasbeh. L’EI a lancé son offensive principale sur la ville de Kobani au nord de la Syrie à la mi-septembre tandis qu'il contrôlait déjà plus de 300 villes et villages dans la région. Plus de 200 000 Kurdes ont été forcés de fuir leurs domiciles, la plupart d'entre eux se sont dirigés vers la frontière turque.

Dans une nouvelle vidéo de quatre minutes, les djihadistes paradent autour des captifs kurdes dans la ville de Kirkouk au nord-ouest du pays, les individus sont confinés dans des cages et vêtus de combinaisons oranges .
Ce vendredi, des dizaines de combattants de l’EI qui avaient saisi une base aérienne irakienne avec environ 400 militaires américains à l'intérieur ont été éliminés au cours d'une contre-attaque de l'armée.

Les menaces de brûler vifs des combattants kurdes peuvent être vues comme une vengeance éventuelle de l’EI contre ces derniers qui auraient traîné des corps djihadistes à travers les rues dans le Kurdistan irakien, si l'on en croit The Daily Mail.