Un rapport de neuf pages, préparé par le Service européen pour l'action extérieure et obtenu par EUobserver, a été rédigé en prévision du sommet des 25 et 26 juin et devra être soumis au vote des dirigeants européens jeudi.
Ce plan vise à combattre «l'emploi et l'utilisation abusive des outils de communications» par la Russie, la «promotion des politiques européennes» dans les Etats de l'ex-Union soviétique, ainsi que le soutien aux «médias indépendants» et «l’accroissement de la conscience du public des activités de désinformation par les acteurs extérieurs», peut-on lire dans le rapport qui mentionne spécifiquement RT. Selon les auteurs du rapport, cette société répand «de fausses informations et des discours de haine depuis leurs bureaux européens».
«L’UE travaillera à l’amélioration de la coopération entre les régulateurs nationaux, y compris à travers les réunions du Groupe des régulateurs européens», ajoute le rapport.
La Commission européenne projette également d’«élaborer une nouvelle proposition législative pour améliorer la régulation afin de prendre en compte les défis d’aujourd’hui», d’après le document.
Une organisation spéciale qui se chargera de la coordination de ses activités, baptisée East StratComTeam, sera créée aux alentours de septembre. Il diffusera l’information en russe et d’autres langues locales d'Europe de l’est dans des pays tels que la Moldavie, l’Ukraine et la Géorgie.
Le ministère russe des Affaires étrangères a condamné le rapport, estimant que le plan proposé viole le droit à la liberté de parole et crée des conditions de discrimination totale contre les médias russes.
Le plan présenté mardi «vise ouvertement à éliminer la présence de la Russie dans le monde médiatique international», a déclaré le ministère dans un communiqué mercredi. «En introduisant des mesures restrictives contre les journalistes russes, l’UE essaie de créer des conditions pour une discrimination totale des médias russes».
Alors que les médias occidentaux parlent «d'une seule voix», l’UE essaie d’éliminer les sources alternatives d’information, déjà peu nombreux, a estimé la rédactrice-en-chef de RT Margarita Simonyan.
«Il existe des centaines de journaux, de chaines, de sites et radios européens qui diffusent tous exactement le même point de vue sur ce qui se passe dans le monde. Le Royaume-Uni a créé une unité militaire de 1 500 personnes qui, entre autres choses, combat la Russie dans l’espace des réseaux sociaux. L’OTAN possède une force spéciale dédiée à contrer l’influence de la Russie. Deutsche Welle a lancé une chaine d’information continue qui doit concurrencer directement RT, malgré la présence d’Euronews, de BBC World News et CNN international. Mais visiblement, cela ne suffit pas», a raconté Simonyan.
«Si, malgré tous ces efforts, l’UE est toujours inquiète quant à la «victoire de la Russie dans la guerre d’information», peut-être le moment est-il venu où les citoyens à travers le monde entier doivent arrêter de croire aveuglément les mêmes points de vue sur les événements mille fois répétés», a estimé la journaliste.
Ce projet de l’UE a déjà été discuté en mars, mais les détails n’avaient alors pas été révélés. L’annonce de ce plan fait écho à l’appel du secrétaire d’Etat américain John Kerry d'accorder plus de fonds budgétaires pour combattre «la propagande russe» en février.
«Russia Today diffuse en anglais, devrions-nous avoir un équivalent qui diffuse en russe ?» avait alors demandé Kerry devant les parlementaires, oubliant apparemment que Voice of América («La Voix de l’Amérique») est diffusée en Russie depuis 1947.