Le bidonville connu comme la «nouvelle jungle» est situé à sept kilomètres de Calais. Des immigrés y habitent sous des tentes et dans des cabanes de fortune.
Des conditions «inhumaines»
«Environ 3000 personnes habitent d’une façon inacceptable et malsaine dans ce désert… Nous devons prendre des mesures pour améliorer leurs conditions», a déclaré la ministre française du Logement cité par le journal britannique The Independent.
Le gouvernement français a autorisé Calais à dépenser 500 000 euros pour ce projet. Cet argent servira à installer l’eau courante, l’éclairage dans les rues, des toilettes publiques et des cabanes. Des travailleurs humanitaires seront aussi déployés sur le site.
Une fois achevé, le site sera le premier camp officiellement autorisé et équipé pour des demandeurs d’asile dans la région de Calais, depuis qu’un camp de la Croix-Rouge a été fermé en 2002. Un centre d’accueil pour les femmes migrantes et les enfants a été ouvert en mars.
Cette initiative est une réponse à la critique des Nations Unies et des groupes d’aide humanitaire qui ont qualifié la Nouvelle Jungle de «scandale humanitaire intolérable».
Le nombre de migrants sur le site a continué d’augmenter au cours de la dernière année après que la police française avait évacué d’autres camps dans le pays et envoyé des réfugiés dans la Nouvelle Jungle.
L'Auberge des Migrants, un groupe qui aide des demandeurs d’asile, a accusé les autorités le mois dernier d’avoir créé un bidonville approuvé par le gouvernement sans eau courante, ni toilettes, ni éclairage.
Le nombre de migrants à Calais est passé de 2000 à 3000 depuis le début de l’année. Au cours du weekend, des travailleurs humanitaires ont déclaré que les réfugiés manquaient cruellement de nourriture et de couvertures.
La plupart des migrants viennent de Syrie, d'Érythrée, d'Ethiopie et d’Afghanistan. Le camps comprend également un grand nombre d’enfants, dont certains ne sont pas accompagnés.
Le gouvernement promet de créer 10500 places d'hébergements supplémentaires dans des camps dans d’autres parties de la France. Les nouveaux sites seront disponibles aux migrants à Calais, Paris et ceux à la frontière franco-italienne.
Des locaux frustrés
La situation migratoire a frustré les résidents locaux sur les deux côtés de la Manche. Selon le Daily Express, un agriculteur de Dover a retrouvé des centaines de migrants dans ses champs. Le mois dernier, Chris Gadsen a trouvé 38 Somaliens, six Afghans et six Vietnamiens sur sa propriété.
«Il semble que les autorités aient perdu le contrôle de la situation à Calais et maintenant ils sont en danger de la même chose qui se passe à des centaines de kilomètres», a confié M.Gadsen.
Et bien que le gouvernement français fasse des efforts pour améliorer la situation, les risques de tensions entre des résidents locaux et des migrants demeurent élevées.
Des membres du groupe d’extrême droite Sauvons Calais ont manifesté samedi dans la ville et porté des placards disant «Calais ville propre salie par l’immigration».
Une contre-manifestation de migrants et de résidents locaux qui aident les demandeurs d’asile a eu lieu.
Au cours du weekend, les policiers de Calais ont confirmé qu’ils cherchaient un groupe d’hommes qui avaient attaqué des migrants et les avaient frappés à coups de barre de fer. Cependant, des enquêteurs ne sont pas sûrs si les assaillants étaient des résidents locaux ou des trafiquants d'êtres humains qui voulaient se venger des migrants.
Un conflit entre la France et la Grande-Bretagne
La crise migratoire de Calais est une cause de rancœur entre les gouvernements français et britannique qui s’accusent l’un l’autre de ne pas en faire assez.
En mars, la maire de Calais Natacha Bouchart a dit que la ville avait été forcée de s’occuper des migrants, parce que la Grande-Bretagne «n’a pas adopté les lois de l’UE contenues dans l’accord de Schengen».
Mais la Grande-Bretagne affirme pour sa part que les migrants sont sur le territoire français, pas britannique. Nombreux sont ceux qui disent que la France aggrave la situation en construisant et améliorant les conditions pour les migrants illégaux.
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