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Le gouvernement congolais tourne le dos aux victimes du viol

La ville de Minova, située dans l’est de la République démocratique du Congo à 50 kilomètres de Goma, a été nommée par les Nations Unies «capitale mondiale du viol». Selon les estimations, 48 femmes y sont violées chaque heure.

Il y a un an, les agents spéciaux de l’ONU pour les réfugiés, la vedette Hollywoodienne Angelina Jolie et le secrétaire des Affaires étrangères William Hague ont participé au sommet global à Londres visant à mettre fin aux violences sexuelles dans les zones ravagées par les conflits en Afrique.

Malgré de grandes sommes d'argent débloquées, les femmes souffrent toujours des nombreux viols régulièrement perpétrés par les soldats congolais dans les collines entourant la ville de Minova qui continuent leurs crimes en toute impunité.

Selon les données de l’ONU, les commandants ordonnent à leurs soldats de temps en temps d’aller chercher des femmes. Les victimes avouent que la majorité d’entre elles sont violées sous les yeux de leurs enfants.

En mars 2013, Angelina Jolie et William Hague avaient déjà visité le Congo pour entamer un processus légal contre les crimes sexuels. Au début, les procureurs ont commencé à rassembler des matériaux et des témoignages. On attendait de cette affaire qu'elle soit sans précédent dans le système juridique du Congo. Pourtant, il n'en fut rien.

Le gouvernement ne cesse de promettre que «tous les gros poissons seront arrêtés et jugés», que «tout le monde suivra ce processus», et que «l’Etat congolais ne peut se permettre de faire une parodie de justice». Mais en réalité, le commandement de l’armée a falsifié les résultats de l’enquête.

Selon les témoignages des avocats, les juges congolais n’ont lancé que quelques cas pour donner l’impression qu'ils oeuvrent pour la communauté internationale. En fait, la majorité des violeurs restent impunis.

«Le Parquet reçoit des ordres gouvernementaux. Pour des affaires très médiatisées comme celles-là, si le haut procureur de Kinshasa, après une discussion avec le ministre vous dicte une ligne, vous suivez cette ligne», a expliqué un avocat qui reçoit des menaces de mort parce qu’il travaille sur des cas de violences sexuelles. «Derrière l’affaire de Minova, il y a des acteurs du gouvernement exécutif», a-t-il précisé.   

Selon ses témoignages, soit les officiers commandants «n’étaient pas identifiés par les victimes» soit ils étaient «tombés malade» et n’ont pas pu se présenter devant la cour. Douze officiers suspectés de viol n’ont jamais été soumis aux tribunaux. Sur 39 soldats qui se sont présentés devant le tribunal, seulement deux ont été condamnés.