Lors d'une interview à l'agence de presse russe RNS, Margarita Simonyan, rédactrice en chef de Sputnik et de RT, affirme que dans l'un des Etats baltes, les journalistes qui se sont rendus à des entretiens d'embauches pour Sputnik ont été convoqués et interrogés par les services secrets locaux.
«Ils [les services de renseignement] leur demandent pourquoi ils sont allés [à l'entretien] et s'ils veulent trahir leur patrie», explique t-elle. «Imaginez que quelque chose de la sorte arrive en Russie !», interpelle la rédactrice en chef, s'interrogeant sur le type de réaction auquel il faudrait s'attendre si les journalistes de Radio Liberty [financée par le Congrès américain et qui émet en Russie] recevaient l'appel d'un colonel russe pour les interroger.
«C'était le pire de l'Union soviétique, heureusement révolu chez nous mais pas chez eux», remarque-t-elle.
Elle avance en outre que la correspondance interne des journalistes de Sputnik se retrouve fréquemment dans les mains des chaînes concurrentes, et accuse les services secrets de la leur fournir. «Comment le contenu de nos conversations privées, qui n'a jamais été publié, se retrouve soudainement dans les médias occidentaux, dont la coopération avec les services secrets est connue ?», feint-elle de se demander, avant d'apporter une réponse sans ambiguïté : «Nous comprenons qu'ils n'ont pu y avoir accès qu'avec l'aide des services secrets.»
«Quand je parle au téléphone ou que j'écris quelque chose, je sais que nous ne sommes pas deux, mais trois ou cinq, voire plus», s'insurge Margarita Simonyan, dans une allusion claire au fait d'être sur écoute.
Elle tient cependant a préciser que si la pratique n'est pas répandue dans beaucoup de pays, elle est «commune dans les Etats baltes».
Les relations entre Sputnik et les autorités des pays baltes sont pour le moins conflictuelles. En mars dernier, la Lettonie a suspendu l’accès au domaine du site de Sputnik pour avoir soi-disant violé la réglementation de l’UE. La diplomatie russe a qualifié les actions de Riga de «rien de moins que de la censure». En Estonie, l'accréditation des journalistes avait été suspendue lors de la visite du ministre de la Défense ukrainien en octobre, les empêchant ainsi d'assister à sa conférence de presse.