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L'opposition canadienne dénonce un accord avec les Etats-Unis sur les réfugiés

L'opposition canadienne a demandé la dénonciation d'un accord avec les Etats-Unis datant de 2004, afin de protéger les réfugiés qui risquent leur vie en cherchant refuge clandestinement au Canada depuis l'élection de Donald Trump.

«Le gouvernement libéral doit immédiatement suspendre l'accord afin que les réfugiés venant des Etats-Unis puissent faire une demande en toute légalité et entrer au Canada en toute sécurité», a indiqué le Nouveau parti démocratique canadien (NDP, gauche).

L’accord entre les Etats-Unis et le Canada sur les demandeurs d’asile datant de 2004 prévoit qu'une personne demandant l'asile doit déposer sa demande dans le premier pays où elle entre, soit le Canada ou les Etats-Unis. Mais, depuis l'élection de Donald Trump, des centaines de migrants entrés aux Etats-Unis passent illégalement au Canada pour y déposer une demande d'asile. 

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«Les Etats-Unis ne sont plus un pays sûr pour les réfugiés, et les réfugiés continuent de risquer leur vie pour venir au Canada», a déploré le NDP en prenant l'exemple d'un Ivoirien retrouvé à moitié mort de froid. Chauffeur de taxi à New York, arrivé illégalement aux Etats-Unis en 2006, cet Ivoirien est passé au Canada pour échapper à la politique anti-immigration de Donald Trump.

Les députés conservateurs avaient, eux, demandé au gouvernement en février dernier de prendre des mesures sévères pour faire face aux personnes en situation irrégulière et même de fermer les frontières aux migrants cherchant à passer au Canada dans l'illégalité. «J'appelle à des actions immédiates, compte tenu de l'évolution de la situation. On assiste à une perméabilité à nos frontières qui pose un problème pour la sécurité des citoyens canadiens, et pour l'intégrité de notre système d'immigration», avait déclaré le député et candidat à la direction du Parti conservateur Steven Blaney. Il s’était également prononcé pour le déploiement de 200 policiers et 200 agents de service de contrôle frontalier de plus à la frontière canado-américaine.

Pour les avocats spécialistes en droit d'immigration, cet accord canado-américain atteint ses limites.

«Je n'ai jamais vu l'avantage de ce traité pour les signataires», a estimé le 14 mars l'avocat Eric Taillefer, chargé de la défense de cet Ivoirien qui se retrouve sous le coup d'une menace d'expulsion. Outre la bureaucratie accrue pour le Canada et les Etats-Unis, «les seules personnes qui bénéficient de l'entente sont les réseaux de passeurs», a-t-il estimé.