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Djihad et réseaux sociaux : la guerre est déclarée...et peut-être déjà perdue !

L'organisation policière européenne, Europol, lancera le premier juillet une cellule chargée de traquer les messages de propagande de Daesh sur le web afin de limiter les départs des jeunes européens.

Selon le coordinateur de l'UE pour l'antiterrorisme Gilles de Kerchove, près de 4000 Européens auraient déjà rejoint les rangs de Daesh en Syrie, souvent séduits par les images ou les textes de propagande que l'organisation terroriste diffuse abondamment sur le web. L'Europe, consciente du danger, vient de créer une équipe de police spécialisée, qui aura pour mission de détruire les messages des recruteurs de Daesh dans les 2 heures suivant leur apparition sur la Toile.

Twitter pour séduire, Skype pour être «embauché»

«L'EI utilise le web comme outil principal pour diffuser sa vision déformée du monde. Nous travaillons avec d'autres membres de l'UE pour mettre en place Internet Referral Unit, basée sur le modèle britannique et qui doit fonctionner le mois prochain» a expliqué le Premier ministre anglais, David Cameron en inaugurant le 10e forum annuel sur la sécurité Globsec ce week-end.

En effet, près de 100 000 tweets de propagande de Daesh seraient diffusés chaque jour sur le web. Et selon des chercheurs américains du Washington Intitute, Twitter serait même devenu vital pour la «croissance» du groupe terroriste dont la stratégie est plutôt efficace. Les tweets servent dans un premier temps à ameçonner des recrues potentielles, ces dernières étant ensuite «auditionnées», avant leur départ pour la Syrie, via skype.

Daesh: toujours un coup d'avance ?

Rob Wainwright, le directeur d'Europol, a expliqué que la cellule policière serait chargée d'identifier sur les réseaux sociaux les personnes vulnérables et ceux qui les prennent pour cibles. Ce dernier a ainsi annoncé que plusieurs entreprises de réseaux sociaux-qu'il a refusé de nommer- aideraient les policiers européens à repérer les comptes de propagande les plus actifs, les «meneurs», parmi les 50 000 qui existeraient aujourd'hui. Rob Wainwright a néanmoins reconnu que la tâche serait ardue : « Qui tend la main à nos jeunes, par les réseaux sociaux, pour les faire venir en Syrie ou en Irak ? C'est très difficile à dire, et ce en raison même de la nature insaisissable et volatile du web». 

Pour l'analyste israélo-américaine Rita Katz, spécialisée dans le suivi des groupes djihadistes sur la toile, ces mesures risquent en effet d'être insuffisantes, les terroristes se vantant depuis longtemps d'être capables de contourner les blocages qu'on leur impose. Selon elle, police et entreprises de réseaux sociaux devraient plutôt travailler main dans la main pour assurer en amont une meilleure sécurité des comptes, les fermetures au coup par coup ne fonctionnant pas réellement sur la durée.

D'ailleurs une note interne du département d'Etat Américain, divulguée la semaine dernière dans les colonnes du New-York Times, levait un coin du voile sur les difficultés rencontrées par les Etats-Unis et ses alliés, «les pays plus riches et les plus avancés technologiquement à contrer efficacement la machine d'endoctrinement ultra violente» mise en place par Daesh sur le web. Le rapport pointait également l'échec de la coalition anti-Daesh sur le terrain militaire, citant comme exemple la prise ces dernières semaines de la ville de Ramadi en Irak, par le groupe terroriste et l'occupation des villes de Falloujah et Mossoul depuis un an déjà.