Victoire pour le Premier ministre Theresa May. La chambre des Lords britannique a donné son feu vert le 13 mars à la loi de déclenchement du Brexit. Le vote du parlement laisse désormais le gouvernement libre de lancer la procédure de divorce avec l'Union européenne avant la fin du mois de mars, date butoir qu'il s'est fixée.
Un peu plus tôt, les députés avaient donné leur accord au projet de loi en deuxième lecture. Ces derniers ont rejeté par 335 voix contre 287 le premier amendement des Lords visant à protéger les trois millions de citoyens européens vivant au Royaume-Uni. Ils ont fait de même pour l'autre amendement qui conférait le dernier mot au Parlement sur l'accord final avec Bruxelles, 331 votant contre tandis que 286 votaient en sa faveur.
C'est le jour qu'a choisi la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon pour annoncer qu'elle allait demander un nouveau référendum d'indépendance, faisant planer une menace d'éclatement du Royaume-Uni.
Si le déclenchement du Brexit n'a jamais été aussi proche, pouvant théoriquement avoir lieu dès le 14 mars, cette annonce fracassante a conduit les services de Theresa May à faire savoir qu'il interviendrait à la fin du mois.
Nicola Sturgeon, qui souhaite un référendum fin 2018 ou début 2019, a expliqué qu'elle demanderait la semaine prochaine au parlement écossais l'autorisation de réclamer l'accord du gouvernement britannique pour lancer la procédure.
«J'estime qu'il est important que l’Ecosse soit en mesure de décider de son futur [...] avant qu'il ne soit trop tard», a ajouté le chef du parti indépendantiste SNP, rappelant que les Ecossais avaient majoritairement voté contre le Brexit.
Theresa May a aussitôt rétorqué qu'une nouvelle consultation, après celle de septembre 2014, serait «un facteur de division» et créerait «une énorme incertitude économique au pire moment possible».
Quid des Européens installés dans le Royaume ?
«La vision étroite que le SNP a montrée aujourd'hui est très regrettable», a ajouté la locataire du 10 Downing Street, accusant le parti de Nicola Sturgeon de penser davantage à ses intérêts qu'à ceux des Ecossais, qui avaient voté contre l'indépendance il y a deux ans.
L'annonce de la patronne du SNP, si elle n'est pas une surprise, fait resurgir le spectre d'une division du Royaume.
Theresa May devait intervenir le 14 mars en milieu de journée devant le Parlement pour informer les députés du contenu du dernier sommet européen de Bruxelles.
Le ministre du Brexit, David Davis, avait exhorté le 13 mars dans l'après-midi les députés à ne pas «lier les mains» de Theresa May avant le début des négociations devant marquer la fin de plus de quarante ans d'une relation tourmentée, les invitant à rejeter les deux amendements déposés par les Lords.
Une fois activé l'article 50 du Traité de Lisbonne, les dirigeants des 27 autres Etats membres pourraient se réunir le 6 avril pour un sommet visant à définir des «lignes directrices» des négociations à venir. Les Européens chercheront à faire corps, face à des Britanniques susceptibles d'exploiter les divisions au sein du bloc.
Parmi les sujets brûlants, outre l'avenir de l’Ecosse, figurera notamment la facture de la sortie de l'UE : Bruxelles pourrait exiger des Britanniques jusqu'à 60 milliards d'euros, un montant correspondant aux engagements déjà pris par Londres en termes de contribution au budget européen.
Le sort des Européens installés outre-Manche devra aussi être tranché : Theresa May refuse pour l'heure de garantir leurs droits avant d'avoir obtenu des assurances similaires pour les 1,2 million de Britanniques vivant dans l'UE.
Les négociations sont censées durer deux ans. Elles démarreront au moment même où l'UE célébrera le 60e anniversaire du Traité de Rome, qui devrait marquer une nouvelle étape dans la construction européenne.