Les activités militaires de l’OTAN près des frontières russes ont été notamment au centre des deux entretiens des responsables russes. Sergueï Ivanov, le chef de l’administration du président Poutine, a estimé en parlant au Financial Times qu’il était «absurde» d’accuser la Russie d’agressivité militaire et de déclarer qu’elle peut «attaquer de l’OTAN», plus particulièrement les pays baltes. Le responsable a rappelé que le budget militaire de l’OTAN et de la Russie «sont incomparables : c’est comme un hippopotame et un chat».
«Nos puissances militaires sont totalement différentes, mais la question principale est, pourquoi voudrions-nous attaquer l'OTAN ? Vous croyez vraiment que nous voulons entrer en guerre avec l’OTAN ? Que nous sommes suicidaires ?», a-t-il demandé dans l’interview publiée dimanche.
Le responsable a rappelé que la Russie n’avais jamais été partisan d'une détérioration des relations avec l’Occident, en soulignant que ce n’est pas la Russie qui s’approche des frontières de l’OTAN, mais l’Alliance qui déploie ses militaires de plus en plus près des frontières russes.
«On nous accuse de tous les maux, mais nous n’étendons pas nos frontières. C'est l’OTAN qui s’approche de nous, d’année en année, malgré la promesse à la Russie que l’Alliance ne va absolument pas s’étendre à l’est», a noté Sergueï Ivanov. Il a ajouté que l’extension ultérieure de l’infrastructure militaire de l’OTAN en l’Europe de l’est et le déploiement des systèmes antimissiles en Roumanie, Bulgarie ou Pologne seront considérés par Moscou comme une augmentation de la menace à sa sécurité.
Il a en outre estimé que l’amélioration des relations russo-américaines sera difficile à atteindre avant la résolution du conflit ukrainien qui, d’après le responsable, ne peut être surmonté qu’à travers le dialogue entre les parties. «Aucun conflit ne peut être résolu si les deux parties ne se mettent pas à la table des négociations. Et l’Ukraine refuse le contact direct avec le Donbass», a déclaré Ivanov.
Le chef de l’administration présidentielle a également conseillé aux Etats-Unis de mieux réfléchir sur les résultats de ses actions concernant la «propagation de la démocratie» dans le monde, en rappelant d’autres cas où ses actions n’ont pas abouti au résultat attendu. «En Irak, en Libye, en Syrie la situation a dérapé. Il semble qu’elle est en train de déraper en Ukraine», a dit le responsable.
Certaines actions de l’OTAN «ressemblent plus à des provocations qu’à des manœuvres»
Le secrétaire du Conseil de sécurité russe Nikolaï Patrouchev a également déclaré que les Etats-Unis étaient à l’origine du coup d’état un Ukraine. «Le changement de pouvoir [en Ukraine] a été la raison de tous les événements dans ce pays depuis février 2014. La secrétaire d’Etat adjointe Victoria Nuland a même parlé d’une somme concrète, 5 milliards de dollars, dépensée par les Etats-Unis en vue d’organiser ces événements», a-t-il raconté.
Le secrétaire a annoncé qu’il était «clair que le projet de déstabilisation de l’Ukraine vise en vérité l’affaiblissement radical de la Russie». En même temps, les Etats-Unis ont développé un pouvoir d'influence sur l’Europe, à qui les sanctions et les politiques antirusses ont été imposées sans prendre en compte les intérêts nationaux des états-membres, estime Patrouchev.
En ce qui concerne l’élargissement des activités militaires de l’OTAN en Europe sur fond de différends avec la Russie sur la crise ukrainienne, le responsable a estimé que certaines actions de l’Alliance «ressemblent plus à des provocations qu’à des manœuvres», en citant comme exemple les déclarations sur le déploiement du contingent de 30 000 militaires dans les états dits «de la ligne de front» et sur le «plus vaste élargissement de possibilités de l’Alliance depuis la guerre froide» par Jens Stoltenberg.
Patrouchev a également déclaré qu’après les progrès atteints lors des derniers pourparlers avec l’Iran à Lausanne, les Etats-Unis devraient repenser l’ouverture de nouveaux systèmes antimissiles, qui était officiellement censés contrer la menace nucléaire iranienne. «Cette menace (…) commence à disparaitre, et il serait logique pour l’Occident d’entreprendre des mesures pour démontrer que le système antimissile n’a pas été créé pour contrer la Russie. (…) Mais ils restent silencieux et continuent à construire ce système», a raconté le secrétaire du Conseil de sécurité.
Il a finalement noté que, là où l’OTAN doit réellement faire face à des taches de soutien de la sécurité et de stabilité, ses efforts «ne s’avèrent pas vraiment efficaces». Nicolaï Patrouchev a cité comme exemple la situation en Afghanistan, où, durant la présence militaire des Etats-Unis et de l’Alliance nord-atlantique, le volume du trafic de drogue (augmentation de la production de 40 fois) et le nombre de victimes civiles (+25% en 2014) ne font qu’augmenter.