Le 10 mars, quelque 400 personnes ont posé des questions, applaudi, crié, hué, ri dans l'impressionnante mosquée Essalam de Rotterdam, au cours d'un débat très animé au sujet de l'islam qui est devenu l'un des principaux thèmes de la campagne électorale de Geert Wilders en vue du scrutin du 14 mars. Il a déjà promis, s'il devenait Premier ministre, de fermer les mosquées, d'interdire la vente du Coran et de fermer les frontières aux immigrés musulmans.
Autour de thèmes allant de l'identité néerlandaise aux discriminations, au djihadisme et à la séparation entre l'Eglise et l'Etat, les arrivés ont fait part de leurs inquiétudes, de leurs peurs et de leur incompréhension quant aux divisions qu'ils ressentent au sein de la société.
«Suis-je devenu quelqu'un d'autre dans les yeux des autres personnes ?», s'est interrogé le blogueur Nourdeen Wildeman. «Sans aucun doute, le danger du groupe Etat islamique, d'autres groupes de terreur radicalisés, a fait en sorte que les gens se regardent différemment», a-t-elle pursuivi.
«Je vois aussi trop de musulmans qui s'isolent, qui vont se mettre dans un coin et pensent : Cela passera. Mais cela ne passe pas parce que tu es un spectateur, tu es assis à l'arrière», a déclaré le maire de Rotterdam, Ahmed Aboutaleb, du Parti travailliste (PvdA).
D'après les dernières estimations, la population musulmane aux Pays-Bas oscille entre 840 000 et 960 000 personnes, soit 5% des 17 millions de Néerlandais. La plupart sont d'origine turque et marocaine, selon l'Office néerlandais des statistiques.
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«Je ne me sens pas chez moi»
Dans le public, un citoyen s'est dit indécis quant à la case qu'il allait cocher sur le bulletin de vote, tandis qu'un autre s'est ouvertement présenté comme un électeur du PVV de Geert Wilders.
«Je vois de la discrimination et du racisme de tous les côtés», a-t-il réagi au débat, reprochant aux candidats politiques de se présenter en tant que Turc ou Marocain.
D'autres spectateurs étaient prêts à voter pour le PvdA ou pour Denk. Le numéro deux de cette formation, qui se présente comme un parti d'immigrés, a d'ailleurs été applaudi et acclamé tout au long du débat.
«Nous voyons que les gens sont moins acceptés», a déclaré Farid Azarkan, membre de Denk, crédité de deux sièges vendredi par les derniers sondages de l'institut Maurice de Hond. «40% des Turco et Maroco-Néerlandais disent : Je ne me sens pas chez moi parce que je ne suis pas accepté», a-t-il poursuivi.
Le VVD du Premier ministre libéral reste en tête dans ces enquêtes avec 24 sièges, talonné par le PVV de Geert Wilders et l'Appel chrétien démocrate (CDA), crédités tous deux de 22 sièges, ainsi que par les écologistes de GroenLinks avec 20 sièges sur les 150 que compte la chambre basse du parlement.
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