«Si j’avais un conseil à donner aux jeunes femmes, ce serait ceci : les filles, ne lisez aucun livre écrit par un homme.» Cette recommandation plutôt radicale a été lancée le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, par Caitlin Moran, célèbre auteur du best-seller How to be a woman et féministe revendiquée.
L’éditorialiste du quotidien britannique The Times a livré son analyse un peu spéciale dans un article rédigé sur le site de la maison d’édition Penguin books. Mais pourquoi donc les jeunes filles devraient se passer des écrits d’auteurs comme J. D. Salinger, William Faulkner, Raymond Chandler, Ernest Hemingway ou Philip Roth ? «Ne les lisez pas. Restez loin d’eux. Ou, au moins, attendez d’être plus âgées et totalement formées, prêtes à la bataille, capables de contre-attaquer face à quelqu’un qui vous blesse, avec des mots et non un silence embarrassant ou une fureur ravalée mais avec un calme : "Va te faire fou… et au revoir".»
Sentiment de «mal à l’aise»
Selon Caitlin Moran, qui n’a pas été à l’école, le travail des grands écrivains masculins contient souvent des préconçus sur la féminité. D’après elle, ces œuvres la feraient sentir «indésirable», «mal à l’aise» et la laisseraient avec un cœur «brisé» à cause de la manière «froide» dont les écrivains présenteraient les personnages féminins.
«Non. Ce ne sont pas les bons livres à lire si vous êtes une jeune fille. Ils ne représentent pas la voix que tu devrais autoriser à parler à l’intérieur de toi. Jusqu’à ce que tu sois mûre, jusqu’à ce que tu puisses argumenter, avec confiance [...] Les filles, ne lisez pas les livres écrits par des hommes âgés», a-t-elle conclu.
Comme le rapporte le site heatst.com, la librairie Loganberry Books située dans l’Ohio aux Etats-Unis, a décidé de mettre en pratique les idées de Caitlin Moran. Les livres écrits par des hommes ont ainsi été mis à l’envers de façon à ce qu’il devienne impossible de savoir qui a écrit quoi. Une pancarte a été accrochée afin d’expliquer la démarche : «Nous avons réduit les auteurs masculins au silence, laissant le travail des femmes bien en vue.»