La présence de troupes américaines dans le nord de la Syrie a été signalée le 4 mars 2017. L'agence vidéo Ruptly a pu filmer des convois de véhicules blindés, dont l'un d'entre eux arborait le drapeau américain.
Le colonel John Dorrian, porte-parole du Pentagone, a justifié la présence de troupes américaines au sol dans cette région, près de Manbij, évoquant un «choix délibéré» afin de donner un «signe visible de dissuasion» aux différents belligérants présents dans le nord de la Syrie.
Divergence d'intérêts entre la Turquie et les Occidentaux
Le déploiement fait suite à un accord selon lequel les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont accepté de céder une vingtaine de villages dans une zone comprise entre Manbij et Al-Bab au gouvernement syrien. Depuis fin 2015 alliés sous la bannière FDS, des combattants arabes et kurdes luttent contre Daesh dans le nord de la Syrie, avec le soutien de Washington. La Turquie considère les milices kurdes présentes dans cette région frontalière comme une extension du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan.
Pour le commandement américain, il s'agit ainsi d'éviter une confrontation entre les forces armées turques, engagées dans l'opération «Bouclier de l'Euphrate», et les composantes kurdes des FDS. Les Etats-Unis craignent que l'armée turque n'occupe la ville de Manbij, afin de contenir l'avancée des combattants kurdes.
Un porte-parole du président turc Recep Tayyip Erdogan avait en effet exigé que les milices kurdes de Syrie quittent Manbij et se retranchent à l'est de l'Euphrate, menaçant d'intervenir militairement.
Le 25 février 2017, le commandant des opérations militaires américaines au Moyen-Orient, Joseph Votel, avait effectué une visite secrète en Syrie afin de rencontrer les combattants des FDS et de déterminer les conditions d'un appui logistique, notamment en armes lourdes.
Alexandre Keller
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