Le site de lanceurs d’alertes a mis en ligne une première tranche de 70 000 documents.
Selon la déclaration du site web, Saudi Cables donne un aperçu de la vie à l’intérieur du royaume ainsi que sur sa politique étrangère, en expliquant «comment il mène ses alliances et consolide ses positions en tant que superpuissance régionale du Proche-Orient, y compris à l’aide des pots-de-vin et de cooptation d’individus-clés et d’institutions».
Les documents ainsi fuités illustrent également «la structure tout à fait centralisée et bureaucratique» du régime, où les questions même les plus simples sont adressées aux plus hauts fonctionnaires, souligne le rapport.
A leur lecture, le fondateur de WikiLeaks Julian Assange a jugé que ces documents «lèvent le voile sur une dictature de plus en plus mal assurée et secrète, qui a non seulement célébré sa 100ème décapitation cette année, mais qui est aussi devenue une menace pour ses voisins et pour elle-même».
Les documents ont été publiés sous forme d’images scannées de textes en arabe, disponibles via le moteur de recherche de WikiLeaks.
Le royaume ultra-conservateur a été violemment critiqué par la communauté internationale pour sa politique déshonorante au regard des droits de l’homme. Lundi, l’Arabie Saoudite a vécu sa 100ème décapitation publique de l’année. Ce chiffre surpasse les 87 cas enregistrés par l’AFP en 2014, mais reste pour le moment inférieur aux 192 exécutions enregistrées en 1995 par l’association des droits de l’homme Amnesty international.
L’Arabie saoudite, deuxième plus grand producteur de pétrole au monde, est un acteur incontournable de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEC) qui contrôle la production de pétrole et les prix au niveau mondial.
«Le Royaume d’Arabie saoudite est une dictature héréditaire située le long du Golfe Persique. Malgré le dossier infâme concernant les droits de l’homme, l’Arabie saoudite reste un allié privilégié des Etats-Unis et du Royaume-Uni au Proche-Orient, en grande partie en raison de ses réserves de pétrole globalement incomparables», dit WikiLeaks.
«Le Royaume est souvent à la tête des listes des pays producteurs de pétrole, ce qui donne au Royaume une influence disproportionnée dans les affaires internationales. Chaque année, il injecte des milliards de pétrodollars dans les poches des banques britanniques et des sociétés d’armement américaines».
Les Etats-Unis supportent les bombardements aériens menés par l’Arabie saoudite contre les rebelles chiites houtis au Yémen, en apportant leur soutien logistique, en services de renseignement, d’assistance au ciblage et de conseil lors de l’intervention militaire.
WikiLeaks a publié ces documents peu après qu’un groupe se faisant appeler «Cyber Armée yéménite» aurait effectué une cyberattaque au mois de Mai sur plus de 3 000 ordinateurs et serveurs appartenant au ministères saoudiens des Affaires étrangères, des Affaires intérieures et de la Défense. Les hackers n’ont révélé qu’une petite partie «des prélèvements» sur des sites de partage de fichiers qui ont rapidement été interdits par la censure.
Le groupe de hackers s’est fait connaitre pour la première fois après avoir attaqué en Avril le site d’information pro-saoudien Al-Hayat pour protester contre ce qu’il a appelé «l’invasion» saoudite au Yémen. Depuis Mars, le royaume de confession sunnite a bombardé les rebelles chiites houtis au Yémen à la suite de la prise de la capitale Sanaa par ces derniers. Selon les estimations de l’ONU, plus de 2 600 personnes ont été tuées depuis le début des opérations militaires en Mars.
WikiLeaks rapport que son trésor complet comprend des milliers de fois le nombre des documents publiés par La Cyber Armée yéménite.