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Paris somme Kinshasa de s’expliquer sur les vidéos de massacres de civils par l’armée congolaise

Une vidéo diffusée sur internet montre des membres présumés de l'armée congolaise en train d'exécuter des civils désarmés dans la région du Kasaï traversée par un mouvement de rébellion. Paris dénonce des «agissements inacceptables».

Ce lundi 20 février, la France a demandé au gouvernement congolais de faire «au plus vite la lumière» sur une vidéo révélant l'implication présumée de soldats congolais dans une exécution sommaire de civils dans la province du Kasaï.

«Nous exhortons les autorités congolaises à faire au plus vite la lumière sur ces agissements inacceptables et à identifier les responsables, qui devront répondre de leurs actes», a fait savoir le quai d'Orsay dans un communiqué.

Diffusée sur internet et largement relayée, la vidéo présente «des membres présumés des forces armées de la République démocratique du Congo se livrant à des exécutions extrajudiciaires contre la population civile, y compris des femmes et des enfants, dans la région du Kasaï», dans le centre du pays, relève le ministère français des Affaires étrangères. De plus, la France «condamne les violences meurtrières» qui ont lieu dans cette province et appelle les autorités congolaises à «assumer leur responsabilité première de protection des populations civiles, dans le plein respect des droits de l'homme».

Le gouvernement congolais avait précédemment qualifié ce film de «montage» même si ce dernier n'est constitué que d'un seul plan-séquence, rendant peu probable l'hypothèse d'une manipulation des images. Kinshasa avait ensuite reconnu que l'armée congolaise avait pu commettre des «excès» en réprimant l'insurrection qui déstabilise la province du Kasaï central depuis l'automne 2016.

L'AFP indique que les soldats visibles sur la vidéo communiquent en lingala, langue officielle de l'armée congolaise, ainsi qu'en swahili, langue répandue dans l'Est du Congo. On y voit aussi un groupe de civils en train de chanter en tshiluba, langue du Kasaï, «Notre terre, notre terre», devenir la cible d'un feu nourri de la part d'un peloton de soldats dont les membres s'avancent ensuite vers les corps gisant au sol. Les soldats achèvent alors les blessés, parmi lesquels se trouvent des femmes et des enfants.

Depuis septembre 2016, la région du Kasaï est le théâtre d'une rébellion liée au conflit opposant le pouvoir central à un chef coutumier local, Kamwina Nsapu, tué en août lors d'une opération militaire.