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Moscou répond à Paris et Berlin sur la reconnaissance des passeports des rebelles ukrainiens

Les autorités françaises et allemandes ont dénoncé le fait que Moscou reconnaisse les documents officiels délivrés par les autorités rebelles du Donbass. Le Kremlin justifie cette mesure, temporaire, par le non-respect des accords de Minsk par Kiev.

Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault, regrette que Moscou ait décidé de reconnaître les passeports émis par les autorités des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, dans l'est de l'Ukraine. A ses yeux, cette décision constitue une entorse à l'esprit des accords de Minsk, a rapporté l'agence Reuters, le 20 février.

De même, le gouvernement allemand a jugé «inacceptable» la mesure prise par le Kremlin, selon l'AFP. Selon le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert, cette décision des autorités russes «sape l'intégrité de l'Ukraine et est en contradiction flagrante avec ce qui a été décidé à Minsk».

Face à ces réactions, le ministère des Affaires étrangères russe a rappelé que cette mesure était temporaire, et a affirmé qu'il s'agissait d'une décision légale du point de vue du droit international, d'après des informations de l'agence RIA. «Le droit international [...] n'interdit pas la reconnaissance de documents nécessaires à la mise en œuvre de droits et de libertés garanties par des autorités qui ne sont pas reconnues internationalement», a ainsi déclaré le ministère.

Deux jours plus tôt, le 18 février, le président russe Vladimir Poutine avait signé un décret reconnaissant les «papiers d'identité, les diplômes scolaires ou professionnels, les certificats de naissance, de décès» émis par les autorités rebelles des régions orientales d'Ukraine. «Les citoyens ukrainiens et apatrides qui y résident» peuvent désormais «entrer en Russie et sortir de Russie sans visa», précise ce décret.

Depuis mars 2016, les autorités rebelles de l'est ukrainien distribuent aux habitants des passeports, très semblables à ceux de la Russie, avec un aigle à deux têtes ornant une couverture de couleur rouge.

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Des mesures temporaires saluées par les rebelles

Ces mesures qui ont soulevé l'indignation de Paris et de Berlin sont temporaires, indique également le décret russe, «jusqu'à ce que la situation dans les régions de Donetsk et de Lougansk trouve une solution politique sur la base des accords de Minsk» signés en février 2015.

Conclus sous médiation franco-allemande, les accords de Minsk-2 ont pour vocation de mettre fin au conflit opposant depuis 2014 l'armée ukrainienne et les rebelles dans l'Est du pays. Cependant, Kiev peine à respecter le point 11 de l'accord, selon lequel les autorités ukrainiennes doivent instaurer une nouvelle Constitution, qui offrirait une plus grande autonomie aux régions orientales de Donetsk et de Lougansk.

Les rebelles ont pour leur part salué avec enthousiasme le décret du Kremlin. «Une nouvelle étape a été franchie pour la reconnaissance internationale de la souveraineté de notre république», avait par exemple déclaré le leader de la République autoproclamée de Lougansk (LNR), Igor Plotniski,  ajoutant que son avenir était «inextricablement lié à la Russie».

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