«Je pensais que le BND n'avait pas ce genre de pratiques.» Le 17 février, Angela Merkel répondait aux questions d’une commission parlementaire à propos de la coopération entre les services de renseignement allemands et ses homologues américains de la NSA.
Mauvais timing pour Angela Merkel
En mars 2015, on apprenait que le BND aidait la NSA à espionner certaines cibles dans des pays alliés. Des responsables du ministère français des Affaires étrangères, de la présidence française ou de la Commission européenne étaient notamment concernés.
Des révélations gênantes pour la chancelière allemande quand on se rappelle de ses déclarations faites en 2013. A l’époque, Edward Snowden, ancien consultant de la NSA, lâchait une véritable bombe qui allait faire trembler bien des chancelleries à travers le globe. Les documents fournis par l’ancien employé du gouvernement américain montraient comment la NSA avait mis en place un vaste système de surveillance des communications visant notamment les Allemands, et écouté un téléphone de la chancelière, pendant plusieurs années.
«L'espionnage entre amis, cela ne va pas du tout», lançait alors Angela Merkel qui souhaitait montrer toute sa désapprobation vis à vis des pratiques de son allié.
Une position devenue difficile à tenir une fois les habitudes du BND révélées.
La chancelière plaide l'ignorance
La chancelière allemande a déclaré à la commission parlementaire que, lorsqu'elle avait condamné l’espionnage entre pays alliés en 2013 elle n'avait «aucune raison de croire que ce principe n'était pas respecté par le BND». Les services auraient donc agi sans son blanc-seing. Elle a pointé des «défaillances» qui ne doivent plus se répéter.
Le gouvernement a d'ailleurs annoncé que le chef du BND serait remplacé et que les activités de l'agence serait dorénavant plus encadrées.
Les parlementaires n’accusent pas la chancelière d’avoir été au courant mais attendent de connaître ce qu’elle savait précisément et ce qui aurait pu être fait pour empêcher un tel espionnage d’après Christian Flisek, membre des sociaux-démocrates du SPD.
Du côté de Konstantin von Notz, élu des Verts, si «l’espionnage entre amis est une réalité», ce dernier demande à la chancelière des comptes : «Une fois cela dit, c’est un problème si vous avez trompé l’ensemble du peuple allemand.»
L’audition d’Angela Merkel doit représenter le point final des investigations du comité parlementaire qui, depuis environ trois ans, a conduit plus de 100 sessions visant à examiner les programmes de surveillance de la NSA, du BND et d’autres agences. Son rapport final devrait être publié en juin 2017.
Martina Renner du parti de gauche Die Linke a préféré faire dans l’ironie. Elle souhaite savoir si la déclaration d’Angela Merkel sur l’espionnage «entre amis» était un commentaire indigné visant la NSA ou une allusion au BND.
En 2013, les autorités allemandes avaient échoué à conclure un accord de «non-espionnage» avec les Etats-Unis. Christian Flisek a qualifié cet échec ainsi que le comportement global du gouvernement sur l’affaire d’action délibérée et trompeuse.
«Le soi-disant pacte de non-espionnage était une tromperie généralisée du peuple allemand car les Américains n’étaient pas du tout enclin à signer un tel accord», a-t-il expliqué au Passauer Neue Presse.
Quoi qu’il en soit, Angela Merkel s’est dite favorable à la poursuite de la coopération américano-allemande sous la présidence de Donald Trump, «dans l’intérêt» des deux pays.