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Des imams turcs espionneraient pour le compte d'Ankara en Allemagne et en Europe

Alors que quatre imams ont été arrêtés par la police allemande, soupçonnés d'avoir espionné des partisans de Gülen, la Deutsche Welle révèle que ce ne pourrait être que la partie émergée de l'iceberg. La pratique serait répandue dans toute l'Europe.

Selon un document obtenu par la Deutsche Welle, 13 imams dans deux länder allemands ont fourni des informations à l’attaché religieux turc du consulat de Cologne, à propos d'au moins 14 institutions affiliées à Fetullah Gülen, l'opposant turc en exil aux Etats-Unis, ainsi que 45 de ses partisans.

Les autorités allemandes ont contacté ces personnes et leur ont conseillé de ne pas se rendre en Turquie, où le président Recep Tayyip Erdogan s'est engagé dans une purge massive des soutiens de Fetullah Gülen, qu'il accuse d'avoir piloté le coup d'Etat manqué du 15 juillet. 

Le document auquel la Deutsche Welle a eu accès révèle par ailleurs que la Direction des affaires religieuses turque (Diyanet, l'organisme qui nomme les imams), étendait ces pratiques à d'autres pays européens, le média allemand listant les Pays-Bas, la Suisse, l'Autriche et la Belgique.

«La Diyanet et les attachés religieux du consulat sont censés exécuter les ordres politiques d'Ankara concernant la religion», a expliqué l'homme politique du parti vert Volker Beck à la Deutsche Welle. «Mais dans le même temps, ils agissent comme un service secret», a t-il estimé, reprochant à son gouvernement d'avoir tardé à agir.

La police allemande a procédé le 15 février à des perquisitions aux domiciles de quatre imams, nommés par la Diyanet et soupçonnés d'avoir espionné les opposants au président pour le compte d'Ankara. Le parquet fédéral avait déjà ouvert une enquête le mois dernier sur les activités des services de renseignement turcs en Allemagne après la plainte d'un parlementaire. 

Le ministre de la Justice turc a de son côté fustigé l'action du gouvernement allemand : «Nous condamnons ces incursions. Les autorités allemandes doivent mettre fin à ces pratiques sommaires.» Il a affirmé dans un communiqué que les perquisitions violaient ouvertement les accords internationaux et la Constitution allemande.

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