Signe de la gravité de la situation, Jerry Brown, gouverneur de Californie, a décrété l'état d'urgence. Il souhaite mobiliser toutes les ressources gouvernementales de l'Etat au secours de la région concernée. Et pour cause, le réservoir du barrage d'Oroville, situé à 120 km au nord de Sacramento, la capitale de l'Etat, est plein à ras bord après des semaines de fortes pluies. Il menace dorénavant de s’effondrer. Un tel scénario relèverait de la catastrophe. Les inondations provoquées seraient dévastatrices.
Si le danger immédiat semblait écarté le 13 février, l'ordre d'évacuation a été maintenu. Les autorités évaluent la solidité du déversoir principal, parallèle au déversoir auxiliaire, qui est également endommagé.
De son côté, le Pentagone a prévenu que les militaires américains se tenaient prêts à intervenir.
Signes encourageants
Le barrage, bâtiment monstre de 235 mètres de haut, n'est pas lui-même menacé,selon le département des ressources en eau de Californie qui s’inquiète cependant de l’état du déversoir auxiliaire d'urgence. L'érosion du haut d'un mur bétonné a commencé le 11 février à laisser échapper de l'eau.
Les autorités n’ont pas tardé à réagir. Le 12 février, elles ont organisé un lâcher d'eau de 2 830 m3 par seconde depuis le bassin réservoir pour faire baisser le niveau d'eau. Un porte-parole du département des ressources en eau, Doug Carlson, cité par le journal Sacramento Bee, a affirmé que cette action avait permis de stopper le flux vers le déversoir auxiliaire. Les images aériennes montraient des torrents d'eau grondants se déversant vers le réservoir auxiliaire.
Jeff Davis, porte-parole du Pentagone, a déclaré le 13 février aux journalistes que l'armée fédérale serait prête à venir en aide à la Californie si le réservoir du barrage venait à céder.
«Nous suivons la situation de très près, [...] nous sommes en contact avec la garde nationale en Californie et [...] avec la Fema [agence fédérale de gestion des situations d'urgence]», a-t-il expliqué. Il a ajouté que le Pentagone était prêt à déployer l'armée fédérale, et que 23 000 militaires de la garde nationale en Californie étaient en alerte. Il a notamment précisé que des avions, des drones, des bateaux d'évacuation, du personnel médical et des abris d'urgence seraient mobilisés si nécessaire.
Preuve du caractère inédit d’un tel danger, c'est la plus importante mobilisation de la Garde nationale en Californie depuis les émeutes de Los Angeles en 1992 après le verdict dans l'affaire Rodney King.
Le 12 février, Kory Honea, shérif du comté de Butte, a souligné qu'il n'y avait «plus d'eau s'échappant du déversoir auxiliaire» mais qu'il était trop tôt pour autoriser le retour de la population dans la zone.
Les équipes de pompiers spécialisées dans les évacuations lors d'inondations massives venues de Los Angeles pour prêter main forte sont reparties d'Oroville le 13 février. Signe que la situation s’améliore.
Mais le danger n'est pas écarté. L'ordre d'évacuation de 188 000 personnes prononcé dimanche en raison du risque «de vastes déversements d'eau incontrôlés» a été maintenu. Beaucoup ont passé la nuit dans des abris de la Croix-Rouge ou des refuges improvisés dans des écoles, des gymnases ou des bases militaires.
Danger pour la fin de la semaine
Les autorités disposent de deux à trois jours de répit avant le retour de la pluie prévu pour la soirée du 15 février ou le 16 et pour plusieurs jours. Or, ces nouvelles intempéries entraineraient fatalement une remontée du niveau d’eau.
Le barrage d'Oroville, dont la constructrion a duré sept ans, est en service depuis 1968 et retient les eaux de la Feather River. Même s'il est moins célèbre que le Hoover Dam (221 mètres), près de Las Vegas, sa digue de 235 mètres en fait le plus haut des Etats-Unis.
D’après le Mercury News, un quotidien local, trois associations de défense de l'environnement, The Friends of the River, the Sierra Club et le South Yuba Citizen League, avaient déposé une motion fédérale il y a douze ans déjà. Elles affirmaient que le barrage n'était pas aux normes de sécurité modernes et qu'en cas de fortes pluies et qu’il pourrait «causer des dégâts et mettre en danger les vies dans la plaine en aval».