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Dresde : un monument consacré à Alep suscite la controverse et des manifestations (VIDEOS)

Un mémorial consacré aux victimes d’Alep érigé à Dresde en Allemagne a provoqué de vifs débats entre les habitants qui ont vu dans son design un lien avec l'islamisme radical. Des sympathisants de droite ont protesté lors de son inauguration.

Le mémorial conçu par l'artiste d’origine syrienne Manaf Halbouni a été inauguré le 7 février sur la place Neumarkt, à Dresde. C’est une installation formée de trois bus renversés. La création de l'artiste est censée faire un parallèle entre la guerre en Syrie et le bombardement de Dresde en 1945 par la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.

L’artiste a été inspiré par des résidents d’Alep qui avaient mis des bus déjà bombardés devant leurs maisons pour se protéger des tirs de snipers. Les trois bus reproduisent une photo prise par un journaliste de Reuters lors des combat qui ont dévasté Alep. Mais un collègue du journaliste qui aurait vu la construction a confié au journal allemand SZ-Online que des barrières avaient été érigées par des islamistes contre l’armée syrienne. De quoi susciter d'importantes interrogations sur le message de l'artiste, que certains assimilent à un soutien des radicaux syriens.

La photo originale montre le drapeau d’Ahrar Al-Cham, un groupe radical islamiste lié au Front Al-Nosra, au-dessus des véhicules. Le mouvement qui a désormais changé d'étendard est accusé de nombreuses atrocités, notamment d'un massacre dans la province syrienne de Lattaquié en 2013 lors duquel 190 civils ont été tués. Ahrar Al-Cham est également accusé de poursuites et de meurtres de chrétiens. Plusieurs d'entre eux auraient été tués dans la ville d’Idleb en mars 2015.

Des membres du mouvement allemand anti-islam Pegida, dont le siège est à Dresde, ont manifesté contre le monument avant et pendant l’inauguration. Ils ont qualifié le mémorial d’«art dégénéré» et le maire de la ville, Dirk Hilbert, qui assistait à la cérémonie de «traître de la nation».

Des internautes se sont aussi insurgés contre cette installation sur les réseaux sociaux.

«Le mémorial pour Alep à Dresde, chef d’œuvre, prototype construit par des islamistes», dit un tweet.

«Un mémorial islamiste a été érigé à Dresde pour distraire l’attention de la mémoire de la destruction [de la ville] en 1945. Tous ceux qui ne l’aiment pas ont raison», lit-on dans un autre tweet.

«C’est une Statue de la liberté moderne »

Manaf Halbouni s’est justifié par le fait qu’il voulait que le monument symbolise «la paix, la liberté et l’humanité», affirmant qu’il n’y avait pas de «message politique». «C’est un monument de paix, une Statue de la liberté moderne», a-t-il confié à l’agence de presse DPA.

L’artiste a aussi dit qu’il n'était pas au courant du lien existant entre la photo et les terroristes et qu'il n'avait pas eu l'intention de consacrer son œuvre à une partie queconque impliquée dans le conflit syrien. «J’ai appris l'existence de cette barricade pour la première fois en mars 2015, dans un article du Guardian, et il n’y avait pas d’informations exactes sur qui l’avait construite», a-t-il justifié sur la chaîne de télévision MDR.