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Irak : Londres met fin à des centaines d'enquêtes sur des violations des droits de l'homme

Les enquêtes sur les violation des droits de l'homme commises en Irak par des militaires britanniques ont pris fin. C'est ce qu'a décidé le gouvernement britannique qui semble ne pas s'inquiéter du tollé que cela suscite chez Amnesty International.

Le gouvernement britannique a décidé de supprimer l'organe chargé d'enquêter sur les accusations de violations des droits de l'homme que des soldats britanniques auraient commises en Irak, a annoncé le ministère britannique de la Défense. Des centaines de plaintes se retrouvent dès lors sans suites.

Créé en 2010 par l'ancien gouvernement travailliste, l'Iraq Historic Allegations Team (IHAT) enquête actuellement sur 675 affaires, dont des allégations d'homicides. Seuls 20 dossiers seront transmis à la Royal Navy Police, a fait savoir la police de la Marine britannique.

«Cela constituera un soulagement pour nos soldats, qui ont vu des soupçons peser sur eux pendant trop longtemps», a déclaré le ministre britannique de la Défense, Michael Fallon.

Une commission parlementaire avait affirmé, le 10 février, que des vétérans de la guerre d'Irak avaient été «intimidés» et certains même espionnés par des enquêteurs de l'IHAT, qui ont résolu plusieurs centaines d'affaires.

Amnesty International a aussitôt critiqué cette décision, estimant que les violences commises en Irak «ne devaient pas être mises sous le tapis». L'organisation de défense des droits de l'homme a également critiqué le transfert de 20 dossiers à la police de la Marine britannique.

«La réputation de l'armée britannique est en jeu : toute allégation crédible concernant des violations des droits de l'homme commises par les forces britanniques en Irak et en Afghanistan doivent faire l'objet d'enquêtes indépendantes, menées par un organe indépendant de l'armée», déplore l'ONG dans un communiqué.

Amnesty souligne que «les forces britanniques ont commis des choses horribles dans leurs prisons», citant le cas emblématique de Baha Moussa, réceptionniste d'hôtel décédé en 2003 à Bassorah (sud de l'Irak) après avoir subi «une série épouvantable de violences gratuites» par des membres du Premier Bataillon du Queen's Lancashire Regiment (1QLR), selon une enquête publique britannique publiée en 2011.

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Le Royaume-Uni avait déjà annoncé en octobre son intention de déroger à la Convention européenne des droits de l'Homme en période de guerre, pour éviter des poursuites «abusives» contre ses soldats, une décision qui avait été qualifiée de rétrograde par les organisations des droits de l'Homme.

Environ 120 000 soldats britanniques ont servi en Irak pendant le conflit. Les dernières troupes de combat de sa Majesté ont quitté l'Irak en 2009, mais Londres y a maintenu jusqu'en 2011 un petit nombre de militaires chargés d'entraîner les forces irakiennes.