«Des groupes tels que l'Etat islamique (EI) et Boko Haram recrutent en usant d'incitations financières au sein des camps de réfugiés et travaillent avec les passeurs et les trafiquants afin de faciliter le voyage [des migrants vers l'Europe]», affirme le think tank britannique de «contre-extrémisme» Quilliam, dans un récent rapport. D'après lui, Daesh, en particulier, garantit à ceux qui lui prêtent allégeance une entrée sur le continent européen et «un degré [élevé] de sécurité». En outre, le rapport assure que le groupe djihadiste offre parfois jusqu'à 1 000 dollars à ses nouvelles recrues.
Pour mener à bien leur entreprise de recrutement, les agents de l'EI abordent non seulement les personnes tentées par un exil en Europe, mais investissent également les camps de réfugiés et les communautés de migrants ayant déjà franchi la mer Méditerranée.
Quilliam se penche tout particulièrement sur le travail des organisations islamistes en Allemagne, où des prêcheurs entrent en contact avec les migrants via les centres d'accueil et les mosquées, et leur fournissent de l'aide. Profitant, selon le think tank, de l'échec des autorités allemandes à prendre en charge correctement les migrants, les recruteurs islamistes les mettent en garde contre les valeurs et les normes occidentales, attisant leur ressentiment à l’égard de l'Etat et de la société allemands.
Terrorisme et flux migratoires : les autorités ne cachent pas leurs craintes
Au cours des deux dernières années, les services de sécurité allemands, britanniques et d’autres pays européens ont exprimé leurs inquiétudes vis-à-vis de l’emploi que des groupes terroristes comme Daesh pourraient faire des flux illégaux de migrants. Même la chancelière allemande Angela Merkel, qui avait accepté la venue d’un million de migrants en 2015, avait fini par reconnaîte, en juillet 2016, que «le flux de réfugiés [avait été] utilisé pour faire entrer des terroristes [en Europe]», à la suite d’une vague d’attentats estivale qui avait notamment impliqué des demandeurs d’asile.
Ces inquiétudes des autorités ne devraient pas s’apaiser de sitôt : en 2016, plus de 180 000 migrants partis d'Afrique ont abordé clandestinement sur les côtes italiennes, rapporte l’UNHCR, l'agence des Nations unies pour les réfugiés.