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Le journaliste de l'AFP blessé à Donetsk témoigne de son expérience

«Les journalistes sont obligés de souffrir et même de mourir pour raconter la vérité sans spéculations sur ce qui se passe ici à Donetsk», a déclaré le correspondant de l’AFP Alexander Gayuk blessé à la jambe dans un entretien avec RT.

Alexander Gayuk estime que la situation des journalistes en Ukraine est très difficile car même ses homologues qui travaillent en Syrie sont choqués du niveau de danger qui existe en Ukraine.

«On ne sait jamais quand il faut mettre un gilet pare-balles. En plus, tous les gilets pare-balles ne sont pas susceptibles de sauver notre vie», a fait remarquer le journaliste de l’AFP blessé à la jambe dans les bombardements de Donetsk le week end dernier, soulignant en outre qu’il était impossible de deviner où les obus allaient tomber étant donné qu’ils sont tirés à une distance de plusieurs kilomètres du point d’impact qui reste souvent aléatoire. «Les soldats ne voient pas les résidents locaux qui sont les victimes de leurs tirs à une telle distance», a-t-il déploré.

«Le plus grande paradoxe de cette guerre, c’est que les soldats tuent mais ils ne savent pas qui. Une femme qui fait ses courses peut être décapitée. Un enfant qui joue dans la cour peut être touché par un obus. La paradoxe de cette guerre est que ce sont les civils qui meurent», a fait remarquer Alexander Gayuk.

L'Est de l'Ukraine a connu une nouvelle flambée de violences au mois de juin, les gens disent qu’ils ont peur de sortir de leurs caves. Désespérés, ils se sentent abandonnés à leur sort.

«Il est même dangereux de rester chez soi», a déclaré le correspondant blessée.

Depuis le début du conflit en avril 2014, plus de 6 400 personnes sont mortes, dont une majorité de civils.

Alexander Gayuk était parmi ces gens désespérés, le 14 juin, lorsque de violents bombardements se sont abattus soudainement sur les quartiers de Donetsk proches des ruines de l’aéroport en dépit de la trêve qui durait depuis la mi-février.

Il s’est mis à courir lorsque les obus ont commencé à tomber mais un éclat l’a atteint à la jambe.

«Le deuxième obus m’a touché à la jambe. Le sang coulait à flot. Il ne me restait qu’à enlever ma ceinture et à panser mon genou. Une femme a appelé les secours mais ils ont refusé de venir à cause des bombardements. Je me suis approché de la route où des résidents locaux m’ont aidé et amené à l’hôpital», a-t-il raconté.

Heureusement pour lui, la blessure n'était pas profonde et n’a pas touché son genou, ce qui signifie qu’il n’est pas resté longtemps hospitalisé et qu’il pourra continuer à travailler aux avant-postes. «Quelques centimètres de plus et il ne resterait rien de mon genou», a-t-il précisé en ajoutant : «J’ai une caméra chère, il faut aussi la sauver. J’ai couru pour me mettre à l’abri et pour ne pas briser ma caméra».

Malgré sa blessure, l’attitude d’Alexander Gayuk par rapport à la zone de conflit et à son travail n’a pas changé. Il a pour seule ambition de «raconter la vérité» à l’Europe. «Nous [les journalistes] sommes obligés de souffrir et même de mourir pour raconter la vérité sans spéculations sur ce qui se passe ici à Donetsk», a-t-il expliqué.

Les risques pris par les journalistes en Ukraine sont croissants. Selon le rapport de l’association Reporters sans frontières, six journalistes ont été tués en Ukraine en 2014 dans l’exercice de leur activité professionnelle. Au niveau de la planète, c’est la troisième position derrière la Syrie (15 journalistes) et les territoires palestiniens (7 journalistes).