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Migrant noyé à Venise : On ne peut pas accueillir «la moitié du monde», dit le maire

L'édile de la ville italienne a annoncé qu’il prendra en charge l’enterrement du jeune migrant africain mort noyé sous les insultes racistes le 22 janvier. Il souligne cependant que l'Italie ne peut plus faire face à une telle vague d'immigration.

Pateh Sabally, gambien d’une vingtaine d’années installé en Italie depuis 2015, aurait tenté de mettre fin à ses jours en sautant dans le Canal Grande de Venise le 22 janvier. Il n’a pas survécu. Plus que les motivations de son geste, ce sont les circonstances de sa mort qui ont ému en Italie et plus largement à l’étranger. En effet, des enregistrements vidéos de la scène montrent que, non seulement, la majorité des témoins n’ont pas tenté de lui venir en aide mais qu’en plus, certains d’entre eux lui ont lancé des moqueries. «Il est stupide. Il veut mourir», «Vas-y, rentre chez toi», «Laissez-le mourir à ce moment», pouvait-on notamment entendre sur les différentes vidéos qui ont circulé.

La police traite l’affaire comme un suicide mais a ouvert une enquête après le visionnage de ces extraits pour les moins dérangeants. Les autorités s’affairent en ce moment à regarder en détails les données contenues dans quatre téléphones mobiles et les enregistrements réalisés par des caméras de surveillance.

Geste de respect mais fermeté

L’événement a fait scandale. Le 27 janvier, un prêtre local a organisé un événement pour rendre hommage à Pateh Sabally. Le maire de la cité des Doges, Luigi Brugnaro, a annoncé quant à lui qu’il prendrait en charge les funérailles du jeune homme. Les fonds nécessaires seront prélevés sur l’allocation personnelle de l’édile. Il a affirmé que ceci constitue «un geste de respect de la part de Venise envers Pateh Sabally et ses rêves brisés».

Nous ne pouvons continuer à nourrir les espoirs de la moitié du monde 

«La mort de ce jeune homme nous a tous attristé et nous ressentons de la pitié pour ceux qui, après avoir affronté les difficultés de la vie, ne trouvent plus la force de lutter contre le désespoir», a-t-il ajouté.

Cependant, Luigi Brugnaro a averti qu’il ne fallait pas politiser la mort du jeune migrant qu’il a décrit comme «un acte personnel motivé par le désespoir». Il s’en est pris à ceux qui souhaitent récupérer le drame pour provoquer la controverse.

Le maire de Venise a tenu à faire passer un message aux «bienfaiteurs» : «Nous ne pouvons continuer à nourrir les espoirs de la moitié du monde qui vient en Italie. Tout le monde a besoin de réaliser que c’est impossible pour notre pays de continuer à gérer un phénomène à si grande échelle de la manière dont cela a été fait jusqu’à maintenant.» Avant d’ajouter : «Nous avons besoin de comprendre, à l’avenir, ce que tout ceci implique, au-delà des tragédies et des souffrances des migrants et des réfugiés.»