L’Europe et les Etats-Unis ne sont plus sur la même longueur d’onde. Alors que, le 23 janvier, Donald Trump signait un décret ordonnant le retrait des Etats-Unis de l'Accord de partenariat transpacifique (TPP), la commission chargée du commerce international au Parlement européen faisait le choix inverse. Le 24 janvier, elle a en effet donné son accord à la signature du CETA, le traité de libre-échange entre l’UE et le Canada. 25 des membres se sont prononcés en faveur du traité, 15 ont voté contre et un s’est abstenu.
«C'est un signal fort et important en faveur de la réglementation de la mondialisation», s'est félicité le social-démocrate allemand Bernd Lange, président de cette commission, après ce vote.
Le passage du texte devant la commission constituait une première étape. La prochaine verra le Parlement européen tenir un vote en séance plénière en présence des 751 députés européens.
S'il franchit ce nouveau cap le 15 février, l'accord entrera en application partielle et provisoire, le temps d'être ratifié par l'ensemble des parlements nationaux et régionaux d'Europe. Cette dernière procédure peut prendre des années.
Pro et anti dégainent les arguments
Les opposants au texte tirent la sonnette d’alarme. «C'est une défaite» et «un tapis rouge pour l'extrême droite et les nationalismes les plus moisis», a regretté le député écologiste Yannick Jadot, vice-président de cette commission.
Et le nom du nouveau président des Etats-Unis n’est jamais loin. «Le Parlement européen ne tire aucune leçon de la victoire de Trump et du vote du Brexit en augmentant le pouvoir des multinationales et en réduisant celui des citoyens», a rajouté Yannick Jadot.
Du côté des soutiens au CETA, on justifie cette décision : «Je ne comprends pas ce raisonnement qui laisse entendre que les normes ne seraient pas respectées, qu'on va s'en prendre aux services publics», a répondu Franck Proust, député PPE (droite), ajoutant : «On est dans la caricature et dans le mensonge.»
La Commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, s'est dite «heureuse» de l'issue du vote. «J'espère que nous aurons une majorité en février», a-t-elle ajouté.
Du côté du Canada, ces derniers «voteront dans leur parlement à la fin du mois de février et si tout va bien, le CETA entrera en vigueur en mars», a-t-elle précisé.
«Ceux qui, au XXIe siècle, pensent qu'on peut redevenir grand en reconstruisant des frontières, en réimposant des barrières commerciales, en restreignant la liberté de mouvement des personnes, sont voués à l'échec», a-t-elle déclaré dans une attaque à peine voilée contre Donald Trump.
Négocié pendant sept ans, le CETA a été signé en octobre 2016 par l'UE et le Canada, après plusieurs jours d'incertitudes en raison de son blocage par la région belge de Wallonie.