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Prostituées, vols en business class et palaces, les agents de l’immigration belges font la Une

Un rapport de police que s’est procuré la chaîne flamande VTM fait état de dérives sérieuses de la part de plusieurs agents de l’immigration. Ces derniers auraient régulièrement fait appel à des prostituées ou se seraient livrés à du chantage.

Ils sont notamment chargés d’escorter les demandeurs d’asile éconduits dans leur pays d’origine. Mais à en croire un récent rapport de police, plusieurs agents de l’immigration belges avaient l’habitude d’avoir recours à des escortes d’un autre style.

Le document classifié qu’a réussi à se procurer la chaîne en langue flamande VTM est éloquent : «Il existe de forts soupçons concernant des conduites inappropriées parmi les agents, par exemple, la sollicitation de services sexuels durant des missions à l’étranger, la fraude administrative, l’abus d’alcool et le chantage.»

Voyages tout inclus 

Selon les statistiques officielles, environ 11 000 immigrés ont été déportés de Belgique l’année dernière. Ces reconduites sont gérées par une équipe de 100 agents.

Alors que leur responsabilité première est de s’assurer que les demandeurs d’asile expulsés arrivent dans leurs pays d’origine, le rapport de la police a révélé que certains des employés du gouvernement chargés de les escorter réservaient des vols en business class et des hôtels de luxe, s’arrêtaient dans des destinations de rêve sur le chemin du retour ou faisaient carrément du shopping dans les zones franches quand ils ne louaient pas les services de prostituées, le tout avec leurs indemnités de voyage.

«Ces pratiques ne sont pas permises et ne sont pas en accord avec l’éthique, mais la hiérarchie détournait le regard», explique le rapport.

Pas la première fois

Vincent Gilles, à la tête du syndicat policier SLFP, s’est exprimé auprès de la RTBF et a affirmé que les violations des règles concernaient «sept ou huit» personnes au sein de l’unité. «Un groupe a été formé afin d’analyser le contenu du rapport et prendre les décisions qui s’imposent», a déclaré le porte-parole de Catherine De Bolle, commissaire général. Les fautifs risquent de subir plusieurs «mesures disciplinaires», pouvant aller jusqu’au licenciement.

Le ministre de l’Intérieur belge Jan Jambon a accueilli ces révélations de manière positive. «Cela prouve que la police est capable d’auto-critique et d’auto-régulation», a déclaré son cabinet dans un communiqué.

Ce n’est pas la première fois que des agents de l’immigration belges sont au coeur de la tourmente. En septembre 2015, deux d'entre eux ont été à l’origine d’un incident diplomatique. Ils ont été surpris à la frontière franco-belge tentant de faire passer dans l’Hexagone 13 réfugiés. Ces derniers cherchaient à rejoindre le Royaume-Uni en passant par Calais. Roulant à bord d’une voiture qui allait dans le mauvais sens, les employés de l’immigration belges ont expliqué vouloir «leur donner un coup de main et leur indiquer la bonne direction».