International

Quand l'Espagne formait secrètement des agents pour revendiquer Gibraltar

Au cœur de tensions entre l'Espagne et le Royaume-Uni depuis plus de trois siècles, Gibraltar est plus que jamais au cœur de l'actualité. Les archives des renseignements américains témoignent que l'Espagne n'a jamais renoncé à récupérer le détroit.

La déclassification des dossiers de la CIA a parfois pour conséquence de livrer des secrets d'histoire étonnants. Récemment, le journal Gibraltar Chronicle a déniché une note publiée en 1954 dans laquelle un agent américain notait que l'Espagne formait «des techniciens, des propagandistes et des militaires» afin de les spécialiser sur l'épineuse question de Gibraltar.

«Le gouvernement espagnol a dépêché 340 personnes dans un centre de formation spécial aux environs de Madrid dans des circonstances de haute confidentialité», affirme le document. Le mémo ne précise pas quel a été le contenu de cette formation qui aura duré près de deux mois, mais elle aura précédé de peu la visite de la reine Elizabeth II - déplacement auquel s'était farouchement opposé le général Franco, alors à la tête de l'Espagne. Dans les années suivantes, le dossier de Gibraltar a commencé à attirer l'attention médiatique à travers le monde, porté notamment à l'ONU par le gouvernement espagnol.

Territoire stratégique parmi les plus convoités au monde, car il ouvre sur la Méditerranée, le détroit est sous l'autorité de la couronne britannique depuis le traité d'Utrecht en 1713. Si la majorité de ses habitants y sont opposés, l'Espagne n'a jamais cessé de revendiquer cette petite enclave britannique sur son territoire. L'ONU le considère toujours comme «un territoire à décoloniser». 

Qu'il s'agisse de la question de l'accès des navires russes à la Méditerranée et de leur ravitaillement, ou bien de celui de l'arrivée des migrants venus d'Afrique jusqu'en Europe, le détroit de Gibraltar se retrouve souvent sur le devant de la scène dans l'actualité récente.