«Bien sûr les crises provoquent des peurs, des inquiétudes», déclare le pape François, qui a reçu le premier quotidien espagnol, El Pais, pendant une heure quinze minutes le 20 janvier à Rome, au moment où le président américain Donald Trump prêtait serment.
«Pour moi l'exemple type du populisme au sens européen du mot c'est l'année 1933 en Allemagne», ajoute-t-il sans prendre de gants. Après la crise, «l'Allemagne [...] cherche un leader, quelqu'un qui lui rende son identité et il y a un petit gars, qui se nomme Adolf Hitler et qui dit "moi je peux, moi je peux"», poursuit-il. «Hitler n'a pas volé le pouvoir», souligne le Pape, «il a été élu par son peuple et après il a détruit son peuple».
Les gens se disent «cherchons un sauveur qui nous rende notre identité et protégeons-nous avec des murs, avec des barbelés, avec n'importe quoi pour que les autres ne puissent nous enlever notre identité», ajoute encore François. «Et ça, c'est très grave», ajoute-t-il en appelant au dialogue.
Chaque pays a le droit de contrôler ses frontières
«Le cas de l'Allemagne est classique», ajoute le pape argentin : «Il y avait un peuple en crise qui cherchait son identité et ce leader charismatique est apparu.» «Il a donné [aux Allemands] une identité déformée et on sait ce qui s'est produit.»
Le Pape recommande néanmoins d'éviter les jugements hâtifs concernant le nouveau président américain : «On verra. On verra ce qu'il fait et après on évaluera. Il faut rester dans le concret.»
Il a en outre considéré que «chaque pays [avait] le droit de contrôler ses frontières, qui les traverse et qui en sort... mais [qu'aucun n'avait] le droit de priver ses citoyens de dialoguer avec ses voisins».
Le pape François a offert le 20 janvier ses bons vœux à Donald Trump, en priant pour que ses décisions soient «guidées par les riches valeurs spirituelles et éthiques» du peuple américain, avec une «préoccupation pour les pauvres».