Dans son interview pour la chaîne RT en espagnol réalisée à Bruxelles, le président bolivien Evo Morales a souligné qu’il était désolé de voir «qu’au lieu se libérer des chaînes de l’Empire de l’Amérique du Nord, certains pays continuaient à vivre dans la soumission».
«Je voudrais conclure une alliance avec l’Europe pour nous libérer ensemble de la domination impériale [des Etats-Unis] et de sa mentalité néocoloniale en quête d’hégémonie», a-t-il déclaré en demandant à l’Europe de «se débarrasser de l’influence politique des USA» et de se «libérer des dictats du Fonds monétaire international dans le domaine économique».
«Tout va bien ici, en Amérique Latine : la Bolivie manifeste une croissance économique significative grâce au fait que nous avons gagné en indépendance politique. Les Etats-Unis ne dirigent plus notre pays via leur ambassade et ils ne prennent pas de décision pour nous. Le FMI ne décide pas pour nous dans le domaine de l’économie», a-t-il ajouté.
Morales a souligné que le nombre d’Européens en Amérique Latine avait considérablement augmenté au cours des dernières années.
«Les taux de chômage croissants en Europe sont un signal très alarmant. C’est pourquoi le nombre des Européens arrivés en Amérique Latine et dans les Caraïbes augmente», a déploré le président bolivien. Selon une étude publiée en juin par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), c’est la première fois depuis 14 ans que le nombre des Européens se déplaçant en Amérique Latine (près de 180 000 en 2012) est plus élevé que celui des Latino-américains qui déménagent à destination de l’Europe.
Evo Morales a noté que l’Amérique latine n’avait «jamais utilisé la loi pour expulser [les Européens] de nos pays. Nous n’avons jamais construit d’infrastructure pour y emprisonner les Européens. C’est de là que viennent nos profondes différences». Le président bolivien a encore souligné l’importance de l’égalité sociale, en disant que cela est aussi important que la paix dans le monde entier. Il aussi appelé l’Union européenne à créer des programmes sociaux pour combattre la pauvreté.
Quant aux relations entre les Etats-Unis et la Russie, Evo Morales, qui est à Bruxelles pour participer au sommet Union Européenne-CELAC qui réunit les dirigeants Européens, Latino-américains et des Caraïbes, a confié à RT que la politique actuelle de Washington était celle de «l’expansion militaire».
«Nous supportons entièrement la lutte de la Russie pour sa souveraineté, aussi bien que nous comprenons les différences qui existent en Ukraine. Il est nécessaire d’être guidé par ce que veut le peuple. On ne peut pas imposer sa volonté en poursuivant des intérêts géopolitiques», a expliqué Evo Morales.
Le président bolivien a enfin déclaré que les Etats-Unis utilisaient toujours des méthodes comme les «coups d’Etat et les dictatures militaires» pour imposer leur politique en «poursuivant des intérêts géopolitiques». Une politique à laquelle Evo Morales s’est toujours opposé».
Les relations entre les Etats-Unis et la Bolivie se sont aggravées en 2013, suite à l’atterrissage forcé de l’avion de Morales à Vienne. Sur son chemin de retour à la maison depuis Moscou, certains pays européens avaient fermé leur espace aérien à son avion car ils le soupçonnaient d’emmener avec lui le lanceur d’alerte qui a dénoncé les abus de la NSA américaine, Edward Snowden toujours recherché aux Etats-Unis pour l’espionnage. En réaction, Evo Morales avait menacé de fermer l’ambassade des Etats-Unis.
Entre l’Amérique latine et les Etats-Unis, les relations se sont nettement dégradées depuis que les pays du Sud du continent ont appris qu’ils étaient largement épiés par la NSA.