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Gambie : l'état d'urgence décrété alors que se profile une intervention militaire étrangère

Etat d'urgence, menace d'ingérence militaire, rapatriement des touristes, exode de milliers de personnes : la situation en Gambie semble s’accélérer à la veille de l'investiture présidentielle d'Adama Barrow, que refuse d'accepter l'actuel président.

Le président de la Gambie, Yahya Jammeh, a proclamé le 17 janvier l'état d'urgence en évoquant «un niveau d'ingérence étrangère exceptionnel et sans précédent» dans le processus électoral. Selon lui, une «atmosphère hostile injustifiée [...] menace la souveraineté, la paix et la stabilité du pays». 

Cette annonce survenait alors que l'investiture d'Adama Barrow, son successeur élu lors des élections présidentielles du 2 décembre 2016, doit avoir lieu le 19 janvier. 

La confusion règne donc actuellement en Gambie, petit pays d'Afrique de l'Ouest enclavé dans le territoire sénégalais hormis sa façade atlantique. Sur les réseaux sociaux, le journaliste gambien Abdoulie Sey a de son côté rapporté la démission du ministre de la Santé ainsi que la fuite du maire de Banjul, la capitale du pays.

Au total, au moins 26 000 Gambiens ont fuit le pays pour se réfugier au Sénégal, a indiqué un représentant sénégalais. Le pays a envoie d'ailleurs des centaines de soldats à sa frontière avec la Gambie, ont pu constater des résidents vivant dans la région.

Si la Guinée et le Maroc essayent de jouer un rôle de médiation diplomatique, la pression internationale ne faiblit pas. La menace d'une intervention militaire étrangère en Gambie semble même se préciser. La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a déjà prévenu qu'elle pourrait avoir recours à la force et le Nigéria a récemment annoncé accélérer ses préparatifs militaires aériens. En outre, et selon la BBC, un navire de guerre nigérian se dirige actuellement vers la Gambie.

«Le risque d'intervention militaire et de désordre civil est élevé et pourrait conduire à la fermeture sans préavis de l'aéroport international de Banjul», a pour sa part prévenu le gouvernement britannique dans un communiqué. La Grande-Bretagne et les Pays-Bas ont conseillé à leurs ressortissants de ne pas se rendre en Gambie et les principaux voyagistes (Thomas Cook, TUI) opérant dans le pays ont d'ores et déjà annoncé le rapatriement de leurs clients.

La grave crise politique qui secoue la Gambie a par ailleurs précipité des milliers de Gambiens sur les routes de l'exil. Le 13 janvier, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a constaté qu'en à peine dix jours, «plusieurs milliers de personnes, en majorité des enfants» avaient franchi la frontière avec le Sénégal.

La Gambie est plongée dans cette crise politique depuis que Yahya Jammeh a annoncé le 8 décembre qu'il ne reconnaissait plus les résultats de l'élection présidentielle du 1er décembre, une semaine après avoir pourtant félicité Adama Barrow pour sa victoire. Réfugié au Sénégal depuis le 15 janvier, ce dernier pourrait prêter serment dans une ambassade gambienne.

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