De nombreux scandales d'exploitation sexuelle concernant des casques bleus dans le cadre de leur mission ont récemment éclaté au grand jour. En conséquence, les Nations unies ont discrètement commencé à offrir des tests ADN pour aider à certifier les paternités, et ainsi subvenir aux besoins des ainsi nommés «bébés des soldats de la paix».
C’est une démarche délicate, les pays fournissant les troupes à l’ONU pourraient accueillir cette mesure froidement, car au-delà de prouver la paternité, elle pourrait également pointer du doigt des comportements malveillants. Sur la douzaine de demandes de paternité reçues l’année dernière, quatre ont été associées à des abus sexuels présumés sur mineurs.
Et la poursuite des coupables se révèle bien souvent compliquée, une fois les soldats rentrés au pays, au risque de cultiver un sentiment d’impunité. Récemment, des casques bleus français ont été accusés d’abus sexuels sur mineurs lors de missions de paix en Centrafrique, mais c'est surtout en Haïti, où il y a quelques jours un rapport interne a dévoilé des cas de relations sexuelles «transactionelles».
Personne ne sait combien d’enfants ont été engendrés par des casques bleus depuis des dizaines d’années dans les théâtres d’opération les plus troubles. Quelques 125 000 soldats de la paix ont été déployés dans 16 régions différentes, principalement en Afrique et au Moyen-Orient. Abus et exploitation sexuels demeurent un problème, avec peu d’aide disponible pour les victimes.
Mais la mesure ne va pas aussi loin qu’une commission mandatée par l’ONU ne l’avait proposé : «établir une banque ADN de toutes les troupes serait la méthode la plus infaillible». Cette proposition n’a finalement pas été rendue obligatoire. Depuis que l’ONU sonde les états sur ce sujet, seuls 20% ont rendu une réponse positive.
Alison Giffen, qui dirige le programme pour le futur des opérations de paix au Stimson Center (un groupe de réflexion basé à Washington), estime que le recours aux tests ADN ne présente «aucun inconvénient». Les résultats de ces tests pourraient ainsi aider les victimes et débouter les fausses allégations, a-t-elle ajouté. «Quand nous mettons en lumière le côté sombre des missions de maintien de la paix, cela peut devenir embarrassant pour les pays contributeurs», mais la politique «tolérance zéro» de l’ONU est claire, dit-elle, «Ils savent à quoi s’attendre».
De son côté, le Secrétaire général de l’institution, Ban Ki-moon, a suggéré la création d’un fonds d’aide aux enfants laissés pour compte, en particulier dans le cas des pays qui mettent pas en place de tests de paternité.
Il n’est pas encore clair quel chemin l’ONU va emprunter. Même dans le cas d’un résultat positif, des procédures légales sont exigées et il est difficile de reconnaitre la relation. On ne sait pas non plus dans quelle mesure les casques bleus «pères malgré eux» fournissent une aide matérielle à leur enfant.
Même si des efforts sont réalisés, il reste «de nombreux obstacles», en particulier tant que certains pères présumés refuseront de se faire tester.