«En réponse aux requêtes tendant à la mise à disposition du rapport complet de 2005 du Bureau de l'Inspecteur général en vertu du Freedom of Information Act, la CIA et les autres agences ont procédé à un examen approfondi du document de presque 500 pages afin de publier l’information qui ne doit plus être protégée dans les intérêts de la sécurité nationale», a déclaré l’agence.
Un des documents publiés vendredi et une version éditée du rapport datant de 2005 dressé par le Bureau de l'Inspecteur général de la CIA qui examine la responsabilité de l’agence et les agissements de la communauté du renseignement avant et après les attentats du 11 septembre. La CIA avait précédemment publié un résumé bien édité de ce rapport.
Parmi les nouveaux documents, on trouve deux notes internes écrites par George Tenet, alors directeur de la CIA, en réponse aux versions du rapport du Bureau de l'Inspecteur général en février et en juin 2005. Les versions du rapport du Bureau de l'Inspecteur général datant d’août 2001 sur le Centre antiterroriste du directeur de la CIA et une note de 17 responsables du Centre datant de juin 2005 en réponse au rapport du Bureau avaient été rendus publics plus tôt. La publication de vendredi, cependant, a révélé quelques informations éditées précédemment «au vu de la déclassification récente de l’information sur les opérations antiterroristes de la CIA», précise-t-on à l’agence.
On peut lire ces cinq documents sur la page «Freedom of Information Act» du site internet l’agence.
Le Centre antiterroriste susceptible de laisser passer quelque chose
Le rapport d’août 2001 complimente le Centre antiterroriste : «une composante bien gérée qui réalise avec succès les responsabilités antiterroristes de l’agence de collecter et d’analyser les renseignements sur le terrorisme international et de saper les capacités des groupes terroristes».
Cependant, selon certains responsables, «les exigences qui pèsent sur le Centre ne lui permettent pas d’exploiter toute l’information qu’il reçoit. Par conséquence, il existe un risque qu’un avertissement potentiel ne soit pas identifié».
Tenet riposte aux accusations de négligence
«Les opérations secrètes sont condamnées à l’échec en l’absence d’un travail de renseignement extérieur factuel», a écrit George Tenet dans sa première réponse au rapport du Bureau de l'Inspecteur général en février 2005. «Il était clair pour moi à l’époque même si nous avions rencontré un certain succès en poursuivant une approche policière dans la lutte contre Al-Qaïda, nous n’avons pas prêté l’attention nécessaire au renseignement d'origine électromagnétique (SIGINT) et n’avons pas eu assez infiltré humainement Al-Qaïda».
«Nous avions besoin de plus de renseignement et d’un meilleur renseignement», a conclu l’ex-directeur de la CIA. «Les opérations secrètes contre Ben Laden et ses agents clés n’étaient pas possibles sans cela».
En juin 2005, Tenet a riposté au passage du rapport Bureau de l'Inspecteur général l’accusant de «ne pas avoir fait preuve de professionnalisme, d’expérience et de diligence dans la lutte contre le terrorisme».
«J’objecte et je rejette ces accusations», at-il écrit.
Tenet a écrit que le Conseil de sécurité nationale et le Procureur général des Etats-Unis, plutôt que lui-même, a écrit les instructions envoyées aux agents sur le terrain qui leur ont clairement fait comprendre que «la préférence politique du gouvernement était de capturer ben Laden et ses lieutenants et les livrer aux Etats-Unis».
Une note du 4 juillet de la même année signée par 17 responsables du Centre antiterroriste déplore que le Bureau de l'Inspecteur général «concentre ses efforts sur la recherche du coupable idéal».
Le rapport du Bureau de l'Inspecteur général de juin 2005
«A certains égards», l’équipe de l’Inspecteur général «en a conclu que l’agence et ses employés n’ont pas rempli leurs obligations de manière satisfaisante».
«Les auteurs n’a pas relevé de cas où un employé a enfreint la loi et les fautes discutées ici n’impliquent pas une mauvaise conduite». Les enquêteurs ont souligné que la CIA «a travaillé dur» contre Al-Qaïda et Oussama ben Laden mais que «son travail n’était pas toujours efficace et coordonné».
«En effet, il n’y avait pas de programme cohérent et fonctionnel de listes de surveillance», déclare le rapport du Bureau, en citant l’exemple de Nawaf al-Hazmi et Khalid al-Midhar, deux suspects d’Al-Qaïda dont la piste a été retrouvée par l’agence en Malaisie en janvier 2000.
Aucun de 50-60 responsables de la CIA qui ont lu les documents liés à deux hommes n’ont partagé l’information avec les autres agences. La CIA a même tardé à informer le Département d’Etat qui n’a inclus les deux hommes dans une liste terroriste de surveillance antiterroriste qu’en août 2001. A ce moment, ils étaient déjà aux Etats-Unis et, ensuite, ont pris part au détournement du 11 septembre.
La version publique du rapport ne s’étend pas sur la «Saudi connection»
Le chapitre du rapport relatif aux soupçons concernant une imbrication d’Al-Qaïda avec la monarchie du Golfe a été lourdement retouché. L’infime partie qui a été rendue publique fait savoir que le Conseil «n’a pas recueilli de preuve que le gouvernement saoudien a soutenu sciemment et délibérément les terroristes d’Al-Qaïda».
«Les employés de la division du Proche-Orient et du Centre antiterroriste ont dit à l’équipe qu’ils n’ont vu aucun rapport fiable confirmant l’engagement du gouvernement saoudien et son soutien financier du terrorisme avant le 11 septembre, bien que quelques-uns aient suggéré que des sympathisants dissidents au sein du gouvernement auraient pu aider Al-Qaïda», note le rapport.
«Le rapport de la Direction du renseignement des dossiers transnationaux sur Ben Laden a indiqué que des informations “limitées” suggéraient que «certains responsables saoudiens» auraient soutenu Oussama ben Laden, ajoutant cependant que l’information était trop “vague” pour caractériser avec une quelconque précision ce soutien», conclut la portion non-éditée du document.