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La cour d'appel de Colmar ordonne la remise en liberté de l'ex-Premier ministre kosovar

La justice française a ordonné la remise en liberté de l'ancien chef rebelle kosovar Ramush Haradinaj, arrêté la semaine dernière à l'aéroport de Bâle-Mulhouse à la demande de la Serbie.

La cour d'appel de Colmar a ordonné la remise en liberté de Ramush Haradinaj, soupçonné de crimes de guerre, mais l'a placé sous contrôle judiciaire dans l'attente de la réception de la demande d'extradition des autorités de la république serbe, a annoncé le procureur général.

Ramush Haradinaj, qui fut également Premier ministre du Kosovo en 2004-2005, devra déposer son passeport auprès de la police française et répondre à une future convocation de la justice, lorsque la demande d'extradition formulée par la Serbie sera examinée sur le fond, a annoncé la cour d'appel de Colmar.

Cette remise en liberté, après une semaine en détention, est «une première étape» pour l'ancien chef rebelle, âgé de 48 ans, a commenté son avocate, Maître Rachel Lindon. «La suite sera évidemment l'annulation de la notice Interpol qui n'a pas lieu d'être, et de la demande d'extradition qui doit être refusée», a-t-elle ajouté.

«Ces accusations qui viennent de la Serbie sont purement politiques», a déclaré d'une voix calme l'ancien Premier ministre kosovar, devant les magistrats. «Ce que vous faites ici est un abus de droit», a ajouté en français Ramush Haradinaj. 

A l'audience, la présidente de la chambre d'instruction a précisé que, selon les informations communiquées à Interpol, la Serbie reprochait à Ramush Haradinaj d'avoir en 1999, au Kosovo, ordonné la «détention illicite de civils», lesquels auraient «subi des tortures, traitements inhumains et viols». «Certains ont été tués, parfois des mains même de Ramush Haradinaj», selon les accusations de Belgrade.

L'ancien chef rebelle kosovar avait été arrêté le 4 janvier à l'aéroport de Bâle-Mulhouse en vertu d'un mandat d'arrêt international serbe, causant un regain de tension entre Belgrade et Pristina, où le processus de normalisation des relations avec la Serbie est remis en cause. 

Député et opposant au président Hashim Thaçi, Ramush Haradinaj bénéficie d'une grande popularité auprès de nombreux Kosovars qui le considèrent comme un héros de la guerre d'indépendance de 1998-99 contre les forces de Belgrade. 

Les Serbes veulent faire juger cet ex-haut responsable de l'Armée de libération du Kosovo (UCK), brièvement Premier ministre en 2004-05, qu'ils soupçonnent de crimes de guerre durant la rébellion contre les forces de Belgrade (1998-99). 

Ramush Haradinaj avait été acquitté en 2008 et 2012 par la justice internationale

Ce conflit, qui a fait 13 000 morts, a conduit à la séparation de cette ex-région yougoslave, majoritairement peuplée d'Albanais, puis à son indépendance en 2008, jamais reconnue par la Serbie.

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