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Début de la conférence «historique» pour la création d'un Etat fédéral chypriote

C'est à Genève, sous l'égide d'Antonio Guterres, que les délégations turques et grecques échangeront leurs projets territoriaux respectifs dans le but de parvenir à un accord résolvant le conflit qui déchire l'île depuis plus de 40 ans.

Ce jeudi 12 janvier débute à Genève une conférence réunissant les délégations chypriotes grecque et turque afin de trouver un accord sur la constitution d'un futur Etat fédéral. Pour la première fois depuis la division de l'île, il y a 42 ans, les cartes d'un futur Etat fédéral ont être échangées entre les deux délégations, avant d'être confiées à l'ONU. L'espoir d'atteindre enfin un consensus pour la résolution de ce conflit territorial qui compte parmi les plus anciens en Europe semble donc se matérialiser.

Le nouveau secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui participera à sa première rencontre internationale depuis sa prise de fonction le 1er janvier dernier, a d'ores et déjà qualifié cet événement d'«historique». «C'est un moment très important, car nous n'avons jamais eu dans le passé un échange de cartes ou une présentation de cartes créées par les délégations chypriotes elles-mêmes», a-t-il déclaré.

Dernière étape d'une négociation intensive entamée lundi 9 janvier au siège de l'ONU, la rencontre a lieu à huis-clos, en présence de cinq personnes seulement : outre les émissaires grec et turc et Antonio Guterres, seront également présents le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et Federica Mogherini, en charge de la diplomatie européenne.

Depuis la relance du processus de paix en 2015 entre Chypriotes grecs et turcs, aucun détail n'a filtré sur le contenu des propositions qui seront faites de part et d'autre, «en raison de l'extrême sensibilité de cette question». En effet, en plus de la question de la légitimité et des frontières, se pose celle, plus épineuse, du retour des populations expatriées et de leur droit à récupérer leurs biens.

Chypre est coupée en deux depuis le coup d'Etat avorté de 1974, dont le but était le rattachement de l'île à la Grèce. Depuis lors, la République de Chypre, qui a rejoint l'Union européenne en 2004, n'exerce son autorité que sur la partie septentrionale où n'habitent presqu'exclusivement des Chypriotes grecs. Les Chypriotes turcs, eux, peuplent la République turque de Chypre du Nord, un Etat autoproclamé qui n'est reconnu que par la Turquie. La partition de l'île a contraint des dizaines de milliers d'habitants à l'exode et a provoqué de multiples tensions depuis des décennies.

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