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Russie : une région bannit l'avortement pour un jour en hommage au «massacre des Innocents» biblique

D'un commun accord avec les autorités cléricales locales, les hôpitaux publics de l'oblast de Iaroslavl, près de Moscou, ont décidé de ne pas pratiquer d'avortement durant une journée, en mémoire des enfants tués par le roi Hérode selon la Bible.

«En ce jour, tous les établissements de santé publique de l'oblast [région] de Iaroslavl se voient interdits de pratiquer des avortements ; certains événements ont été organisés dans le but de combattre le meurtre des nouveau-nés dans l'utérus [de leur mère] et de protéger la valeur sans limite de la maternité», a expliqué le service de presse de l'archidiocèse de Iaroslavl, au nord-est de Moscou, mercredi 11 janvier.

La mesure, prise à l'initiative conjointe des autorités sanitaires locales et de l'archidiocèse, entend commémorer la tragédie biblique du «Massacre des Innocents». Ainsi, d'après l'Evangile selon Matthieu, le roi Hérode, craignant la venue du roi des Juifs annoncée par les mages, ordonna l'assassinat de tous les enfants de moins de deux ans de la région de Bethléem. Un épisode sanglant auquel l'enfant Jésus, raconte le livre sacré, a échappé, son père Joseph ayant fui en Egypte après avoir été prévenu en songe.

En mémoire de cet épisode biblique, l'archidiocèse de Iaroslavl a également prévu d'organiser une campagne contre l'avortement intitulée «Bougie de la mémoire».

Un taux élevé d'avortements en Russie

L'avortement, en Russie, est aujourd'hui légal – et est loin d'être pratiqué de manière exceptionnelle. D'après la vice-Premier ministre aux Affaires sociales de Russie, Olga Golodets, pour environ 1,9 million de naissances dans le pays, il y a environ 700 000 avortements. 

Un chiffre contesté par Natalia Moskvitina, dirigeante du mouvement des «Femmes pour la Vie» : d'après elle, 70% des situations de grossesse en Russie se concluent par un avortement. «Toutes les trois secondes, un bébé est tué dans des cliniques d'avortement», a-t-elle indiqué à l'agence Interfax, évoquant des données de l'automne 2016. «C'est légal, et toutes les femmes font face à ce choix terrible. Personne ne leur dit [...] qu'il serait normal de se battre pour préserver son enfant», a ajouté la responsable du mouvement anti-avortement.

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