Les interrogations de Donald Trump au sujet des allégations de piratage russe du Parti démocrate, et, par dessus tout, ses doutes concernant les grandes agences de renseignement américaines ont aussi fait sortir de sa réserve le discret Joe Biden.
«Pour un président, ne pas faire confiance à la myriade d'agences de renseignement, de celle de la Défense à la CIA, ne pas être disposé à les entendre, c'est absolument déraisonnable», a déclaré le vice-président américain sortant lors d'une interview accordée à la télévision publique PBS. Joe Biden a en outre fait savoir que, selon lui, il était «dangereux» de critiquer publiquement les agences de renseignement et de contre-espionnage.
Selon le vice-président, il faudrait s'incliner devant leur expertise, estimant que «l'idée selon laquelle vous pourriez en savoir plus que que la communauté du renseignement, c'est comme dire que je suis plus calé en physique que mon professeur».
A deux semaines de l'investiture de Donald Trump, l'administration Obama redouble d'efforts afin de convaincre l'opinion d'un «piratage» russe de l'élection présidentielle. Le renseignement américain, CIA et FBI en tête, peinant toujours à produire des preuves réelles, les accusations verbales contre la Russie ont encore monté d'un cran début janvier 2017.
Après avoir jugé les méthodes des supposés pirates «compatibles» avec celles des hackers russes en octobre, le directeur du renseignement national américain James Clapper a promis de rendre publique une version déclassifiée du rapport présenté à Barack Obama en décembre.
Des «preuves» promises depuis octobre
Jusqu'à présent, aucune preuve tangible n'a été produite à l'appui de cette théorie. Wikileaks, qui ne révèle jamais ses sources pour des raisons évidentes, a démenti à plusieurs reprises que l'Etat russe serait à l'origine de la fuite des correspondances électroniques du Comité de campagne démocrate, le DNC, et des mails du directeur de campagne d'Hillary Clinton, John Podesta.
Ce 5 janvier, le FBI a reconnu que l'équipe de campagne d'Hillary Clinton s'était opposée à une expertise de ses serveurs, examen nécessaire pour établir le modus operandi des supposés pirates. Une faiblesse dans la démonstration et l'admnistration de la preuve d'un piratage d'origine russe que Donald Trump n'a pas manqué de relever.
Silence médiatique sur le contenu des mails
La polémique sur l'origine de la fuite, attribuée par la CIA à la Russie, fait oublier ce que les mails révèlent : entre autres une collusion et une coordination stratégique entre les journalistes de la presse mainstream et les équipes de campagne d'Hillary Clinton, la teneur des discours payés de la candidate, très favorables au monde de la finance, mais aussi des indices d'une utilisation à des fins privées des fonds de la Fondation Clinton. En outre, les mails piratés révèlent l'implication du Qatar et de l'Arabie saoudite dans le financement de la campagne de la candidate malheureuse.
Quant à une supposée implication du renseignement russe dans la défaite d'Hillary Clinton, plombée par les révélations contenues dans les mails, les «preuves» d'une implication russe se résument – pour l'instant – à des déclarations d'observateurs et de politiques russes se félicitant par exemple de l'élection de Donald Trump, ainsi qu'à des productions journalistiques publiées par des médias alternatifs dont Russia Today, nommément mises en cause par James Clapper.
Alexandre Keller