S'exprimant devant des journalistes le vendredi 6 janvier, le secrétaire d'Etat américain sortant John Kerry a déclaré que le plan d'intervention militaire des Etats-unis en Syrie contre le gouvernement Assad voulu par Barack Obama avait été brutalement mis à mal par les députés britanniques. Ces derniers avaient voté le 29 août 2013 contre une intervention aux côtés de Washington.
En 2012, le président américain avait en effet déclaré que Washington lancerait des frappes aériennes en Syrie si Assad utilisait des armes chimiques. En août 2013, les grands médias occidentaux, de concert avec l'administration Obama, avaient affirmé que les troupes du président syrien avaient utilisé du gaz sarin dans une banlieue de Damas.
Bien que cette information n'ait jamais été prouvée et que Damas l'ait rejetée en bloc, affirmant que l'attaque au gaz sarin avait été perpétrée par les djihadistes de l'opposition pour faire accuser le gouvernement, elle a été prise pour argent comptant par l'Occident. La «ligne rouge» franchie, tout le monde attendait l'intervention américaine.
Mais les Etats-Unis n'ont pas frappé. Et pour les médias traditionnels, il s'agissait alors d'une promesse non tenue, d'un échec cuisant pour l'administration Obama, d'une illustration de son inaction. A de nombreuses reprises, Barack Obama avait mis en cause le refus de Londres de s'engager aux côtés de Washington. Aujourd'hui, plus de trois ans plus tard, John Kerry a confirmé cette version dans son intervention devant la presse, apportant son soutien à Obama.
La faute à Londres !
Interrogé sur le sujet par les journalistes qui voulaient savoir pourquoi Barack Obama n'avait pas tenu sa promesse de lancer une campagne aérienne en Syrie, alors que la «ligne rouge» avait été franchie, le secrétaire d'Etat américain a expliqué que les médias n'avaient «pas correctement analysé la situation».
«Barack Obama avait prévu d'utiliser la force. Il avait annoncé sa décision publiquement, en assurant que nous allions agir faire pour répondre à cette violation flagrante du droit international [...] Mais c'est alors que le premier ministre britannique David Cameron est allé au Parlement britannique et a demandé un vote d'approbation pour savoir si Londres allait appuyer l'effort américain. Et devinez quoi ? Le parlement britannique a voté non, il a saccagé le projet», a affirmé John Kerry.
Ainsi, le secrétaire d'Etat explique que la non-intervention américaine, cette «promesse non tenue», est une conséquence directe de la décision britannique de ne pas accompagner Washington dans son projet de bombardement en Syrie. Selon lui, après le vote du Parlement britannique, le congrès américain avait martelé que le président américain devait aussi «passer par le processus constitutionnel» et avait besoin de son aval pour lancer son intervention.
«Alors que nous informions le Congrès de nos projets - et j'étais alors en discussion téléphonique avec peut-être une centaine de membres du Congrès - les membres de ce dernier nous ont dit : "Eh bien, maintenant, vous devez avoir notre permission" [...] Le président avait pourtant déjà pris sa décision. Et soudain, une question est apparue [pour Obama] : "Dois-je aller au Congrès pour obtenir cette permission ?"», a expliqué John Kerry aux journalistes.
Et le Secrétaire d'Etat de défendre le président sortant : «Le président n'a jamais dit: "Je ne bombarderai pas la Syrie". Les gens l'ont interprété ainsi. Par ailleurs, rien n'indique que, si nous avions bombardé la Syrie, nous aurions eu un meilleur résultat.»
Dans son discours, John Kerry a reconnu que les suppositions selon lesquelles Obama aurait fait marche arrière avaient profondément atteint la crédibilité des Etats-Unis sur la scène internationale.
«Je ne pense pas que de telles accusations soient juste car cela ne reflète absolument pas les décisions du président Obama et la réalité du résultat que nous avons atteint en Syrie», a ajouté John Kerry.
Le 29 août 2013, au terme d’un débat de sept heures et demie, la Chambre des communes britannique avait rejeté par 285 voix contre 272, le principe d’une opération militaire aérienne de Londres aux côtés de Washington.
En septembre 2014, Barack Obama a néanmoins lancé une campagne de frappes aériennes contre les positions de l'Etat islamique en Syrie.