International

«Mort à Daesh» : des chiites manifestent contre l'EI en Afghanistan

Après une énième attaque de l'Etat islamique à Herat, en Afghanistan, 2 000 membres de la communauté chiite ont manifesté pour dénoncer le groupe terroriste qui cherche à diviser sunnites et chiites dans le pays.

Environ 2 000 chiites Afghans ont manifesté mardi 3 janvier à Herat, dans l'ouest du pays pour dénoncer les attaques sectaires du groupe Etat islamique (EI) désormais présent dans onze provinces du pays, selon les autorités.

Aux cris de «Mort aux ennemis de l'Afghanistan» et «Mort à Daesh», les manifestants ont défilé devant les bureaux du gouverneur de Herat en brandissant les portraits de chiites tués lors des derniers attentats.

«Les attaques de Daesh contre nos mosquées ne cessent d'augmenter, ils veulent semer la division entre chiites et sunnites», indique à l'AFP Qurban Ali, 40 ans. «C'est une tendance dangereuse, le gouvernement doit nous protéger», ajoute-t-il.

La montée en puissance de l'EI dans le pays fait craindre une dérive sectaire du conflit afghan entre sunnites et chiites, jusqu'alors évitée en quatre décennies de guerre. L'EI semblait confiné à la province du Nangarhar, dans l'Est, où les forces américaines stationnées en Afghanistan ont multiplié les frappes aériennes pour soutenir les forces locales. Mais les autorités ont estimé cette semaine que le groupe étendait son autorité à d'autres provinces.

«Selon nos premières informations, Daesh est derrière les récents attentats de Herat. Ils s'étendent, toujours à chercher à gagner du terrain», a confié à Herat Najeebullah Mani, responsable de la lutte anti-terroriste au ministère de l'Intérieur. «Ils sont désormais présents dans au moins onze provinces [sur 34]. Leur principal objectif est de semer la division entre chiites et sunnites».

Herat, située à la frontière de l'Iran majoritairement chiite, a subi un regain de violences visant les mosquées de cette minorité en Afghanistan. Dimanche 1er janvier, un imam a été tué et cinq personnes ont été blessées dans une attaque qui n'a pas été revendiquée.

«Nous n'allons pas laisser Daesh faire de l'Afghanistan une nouvelle Syrie», explique un autre manifestant, avant de conclure : «Le gouvernement doit présenter un plan de protection des chiites.»

L’Afghanistan a subi l'an passé une vague d'attentats anti-chiites revendiqués par l'EI et qui ont tué au moins 140 personnes, essentiellement à Kaboul. Le 21 novembre, un kamikaze a déclenché sa charge au cœur d'une mosquée pendant une prière, tuant 27 personnes. Un mois auparavant, une série d'attentats contre des mosquées chiites avaient fait au moins 14 morts à Mazar-e-Charif, dans le nord du pays, et 18 à Kaboul.

Le 23 juillet, toujours à Kaboul, un attentat visant une manifestation de la minorité hazara (chiite) avait fait au moins 85 morts et plus de 130 blessés.

Lire aussi : Afghanistan : une femme décapitée pour avoir fait du shopping sans son mari