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Crise en Macédoine : des élections anticipées avancées comme solution

Des élections législatives se tiendront en Macédoine avant avril 2016, soit deux ans avant la fin du mandat du premier ministre Nikola Gruevski. En proie à une profonde crise politique, le pays a fait appel à la médiation de l'Union Européenne.

Réunis à Bruxelles, le premier ministre Nikola Gruevski, son allié Ali Ahmeti, chef du principal parti des albanais en Macédoine (DUI), se trouvaient dans la capitale belge en même temps que l'opposition personnifiée par Zoran Zaev, chef du premier parti d'opposition (SDSM) et Menduh Thaçi, leader du principal parti d'opposition albanais (DPA). Johannes Hahn, commissaire européen chargé de la politique européenne de voisinage et des négociations d'élargissement, a rencontré les forces opposées, mardi 9 juin, afin d'assurer une médiation. Il a ensuite déclaré : «il a été décidé d'organiser des élections anticipées avant la fin du mois d'avril de l'année prochaine».

Ce bouleversement de l'agenda politique macédonien intervient sur fond de grave crise politique. Depuis les élections législatives de 2014, elles aussi anticipées et qui ont reconduit au pouvoir le premier ministre Nikola Gruevski, l'unité du pays est de plus en plus fragilisée.

L'opposition accuse le pouvoir de corruption et d'espionnage, notamment la mise sur écoute de 20 000 citoyens, dont des journalistes, des hommes politiques et des leaders religieux. Le parti au pouvoir retourne ses accusations d'espionnage à une opposition qui refuse désormais de participer au travaux du parlement. Le parti de Zoran Zaev préfère agir dans la rue où d'importantes manifestations ont lieu depuis plusieurs semaines, réclamant la démission du gouvernement au complet. 

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Des accusations d'ingérence étrangère fusent depuis les deux camps. La Russie ayant l'intention de faire passer un gazoduc dans le pays, dans le cadre du projet Balkan Stream, des doutes planent sur une implication américaine dans la politique du pays. Les États­Unis avaient en effet vu d'un mauvais œil le projet South Stream, qui permettait à la Russie d'alimenter l'UE en gaz. Avorté par le refus, au dernier moment, de la Bulgarie de laisser passer un gazoduc par son pays, South Stream était néanmoins parvenu à donner naissance à Turkish Stream (passage d'un gazoduc par la Turquie), dont Balkan Stream serait la continuité vers l'Europe.

Dernier élément de crise en date : une fusillade qui a eu lieu les 9 et 10 mai derniers, dans la ville de Kumanovo (nord) entre les forces de police macédoniennes et un groupe armé d'origine albanaise.

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Considéré par les uns comme des terroristes ayant planifié des attentats contre le gouvernement, par les autres comme des bouc­ émissaires, dont la mort n'aura servi qu'à détourner l'attention du grand public des problèmes de corruption du pouvoir, cet événement est une véritable purée de poix.

C'est dans ce contexte que doivent se tenir les élections législatives anticipées, qui, chacun l'espère, mettront fin à la crise et permettront au pays d'avancer sur des dossiers immobiles : son adhésion à l'UE et à l'OTAN.