L’entrevue papale a eu lieu dans une bibliothèque du Vatican et a duré une heure, et comme l’usage le prévoit, à huis clos.
Le président Poutine a offert une icône représentant le Christ Sauveur, ainsi que plusieurs volumes de l’Encyclopédie Orthodoxe. En échange, le Pape a donné ses cadeaux en disant : «cette médaille a été produite par un artisan du siècle dernier et représente un ange qui apporte la paix, la justice, la solidarité et la protection, ainsi que ce texte, qui apporte une réflexion sur le fait que l’Evangile nous apporte la lumière dans nos vie, et la joie. Il y a une réflexion géopolitique pour nous et nos vies».
A la fin de la rencontre, le Pape François a demandé de transmettre ses meilleurs vœux à sa Sainteté le Patriarche Cyrille.
Les journalistes couvrant l’événement ont également reçu les salutations du Souverain pontife.
L’entretien entre le Pape et le président russe a porté sur les questions économiques et politiques, mais le sujet essentiel – c’est le conflit en Ukraine et l’observation des accords de Minsk.L’entretien entre le Pape et le président russe a porté sur les questions économiques et politiques, mais le sujet essentiel – c’est le conflit en Ukraine et l’observation des accords de Minsk. Selon le porte-parole du président russe Dmitri Peskov, l’entretien était très profond, les participants ont échangé beaucoup d’impressions sur le conflit. De plus, «les deux leaders ont abordé la question des valeurs humaines universelles et humanistes qui unissent largement le monde catholique, le monde orthodoxe et toutes les religions», a annoncé Peskov après la rencontre.
D’y ajouter, la crise en Syrie était également au centre des discussions, car ce pays arabe déchiré par la guerre compte un grand nombre de chrétiens qui font face à l’avancée de Daesh qui ne montre pas de clémence envers les autres religions. «C’est une situation crise», a annoncé Dmitri Peskov à la suite de l’entretien, faisant part de sa préoccupation pour les vies en péril des chrétiens du Moyen-Orient.
La pression s’est accru sur le Saint lieu dans le contexte de la seconde visite de Vladimir Poutine au Vatican. Les médias occidentaux attendent de voir quelle position sur la question ukrainienne le Souverain pontife adoptera alors que les Etats-Unis ainsi que le dirigeant de l’église catholique ukrainienne ont officiellement appelé le Pape il y a quelques heures à critiquer la position de Vladimir Poutine sur l’Ukraine.
Les Etats-Unis, par voie diplomatique, ont encouragé le Vatican à utiliser l’audience privée du Pape avec Vladimir Poutine pour condamner les actions de Moscou en Ukraine.
Mercredi, l’ambassadeur américain au Saint-Siège Kenneth Hackett, a dit que Washington aimerait voir le Vatican émettre des inquiétudes sur la situation en Ukraine pendant la rencontre entre le Pape François et Vladimir Poutine.
«Nous pensons qu’ils pourraient en dire plus sur les préoccupations concernant l’intégrité territoriale, ce type de problèmes», a dit l’ambassadeur aux journalistes. «Il semble que la Russie supporte les insurgés. Et il semble qu’il y a des troupes russes à l’intérieur de l’Ukraine. C’est une situation très sérieuse».
Dmitri Peskov n’a pas laissé sans attention de tels grands mots. Il a qualifié ces préoccupations de «nouvelle parole» dans la diplomatie mondiale et a fustigé les Etats-Unis pour un tel comportement. «C’est un cas flagrant de tentative de réprimer la souveraineté des autres pays», a-t-il souligné, en ajoutant que c’est contre cela que Vladimir Poutine s’est toujours prononcé.
Malgré la pression, le Vatican a refusé d’accuser une partie du conflit ukrainien. Avant la rencontre le Pape avait appelé Kiev et les forces antigouvernementales à trouver une solution pacifique à la guerre qui se déroule dans le Donbass. «J’incite toutes les parties à arrêter toute violence et atteindre l’harmonie et la paix dans la région», a déclaré le Pape François.
Avant de rencontrer le Pape, Vladimir Poutine, s’est tout d’abord rendu à l’Expo 2015 après laquelle il a eu un entretien avec le Premier ministre italien Matteo Renzi. Bien sûr, il y des désaccords entre les deux pays et l’Italie soutiendra les sanctions contre la Russie, mais les relations entre les deux pays sont amicales alors que le Premier ministre italien a dit que les deux pays devaient coopérer pour résoudre la crise ukrainienne et les problèmes globaux comme le terrorisme.
Vladimir Poutine a pour sa part souligné que l’Italie restait un des principaux partenaires de la Russie, mais a indiqué que les sanctions faisaient mal à toutes les parties, y compris aux exportateurs italiens. D’après les dires de Dmitri Peskov, les deux pays ne veulent pas arrêter leur coopération même si elle est freinée par les sanctions et essaieront de trouver d’autres solutions. «En gros, on a énoncé l’intention concrète d’élargir la coopération dans les domaines où on peut le faire technologiquement sans attendre le règlement des questions des sanctions», a fait savoir le porte-parole.