«S'il y avait un cas d'Ebola et une nouvelle épidémie, nous serions maintenant prêts à y faire face», a déclaré à l'AFP le Docteur Marie-Paule Kieny, sous-directrice générale à l'OMS.
L'essai de ce vaccin, qui pourrait permettre de sauver des milliers de vies, a été conduit dans la région côtière de Basse Guinée, qui enregistre encore des cas d'Ebola depuis l'épidémie de 2015.
Il n'y a eu aucun cas d'Ebola parmi les quelque 6 000 personnes à qui ce vaccin a été inoculé l'an dernier, en Guinée, contre 23 cas dans le groupe des non vaccinées, selon les résultats de l'essai mené par l'OMS avec le ministère de la Santé de ce pays et des partenaires internationaux.
«Ce qui suggère fortement que le vaccin est très efficace et pourrait avoir une efficacité jusqu'à 100%», a commenté Marie-Paule Kieny.
Son équipe de chercheurs a calculé que dans le cas d'un pic épidémique, il y a 90% de chances que le vaccin, baptisé rVSV-ZEBOV, soit à plus de 80% efficace.
«Finalement, au bout de 40 ans, il semble que nous ayons maintenant a priori un vaccin efficace contre la maladie Ebola», commente le scientifique américain indépendant Thomas Beisbert dans la revue médicale The Lancet, qui publie ce 23 décembre les résultats finaux de l'essai.
Ces derniers confirment que le vaccin rVSV-ZEBOV présente une efficacité de 100% au cours des dix jours suivant son administration par injection intramusculaire d'une dose chez une personne non infectée mais en contact avec des malades.
Des résultats préliminaires allant déjà dans le sens d'une forte efficacité avaient paru en 2015.
Le vaccin, dont la firme américaine Merck a acquis les droits de commercialisation, pourrait être enregistré en 2018, après soumission du dossier aux autorités américaines (FDA) et européennes (EMA). Le processus d'approbation standard est habituellement d'une décennie, voire plus, a rappelé Marie-Paule Kieny.
Effets secondaires
«Avec le vaccin Merck, la protection intervient très tôt après la vaccination, mais nous ne savons pas si la protection sera encore valable six mois après», a relevé la responsable.
L'essai a été fait selon une méthode dite de vaccination en anneaux - c'est-à-dire de cercles ou groupes de gens en contact avec un malade, d'abord des proches, puis des sujets qui ont été en contact avec eux et ainsi de suite - qui a été utilisée pour éradiquer la variole.
En cas de flambée d'Ebola, avant la commercialisation du vaccin, 300 000 doses d'urgence, grâce à un accord entre l'Alliance pour les Vaccins-GAVI et Merck, pourraient être livrées, et le nombre de doses pourrait atteindre assez rapidement le million.
Deux effets indésirables graves ont néanmoins été liés à la vaccination (une réaction fébrile et une allergique) et un troisième qualifié de possible (syndrome grippal), mais avec une rétablissement garanti dans les trois cas, sans effet à long terme.
Initialement exclus de l'essai, les enfants de plus de six ans en ont ensuite bénéficiés. Mais reste à déterminer sa sécurité pour les femmes enceintes et les plus jeunes.
C'est le premier vaccin anti-Ebola démontrant une telle efficacité sur le terrain, mais d'autres vaccins sont nécessaires, notamment pour les soignants, en s'assurant qu'ils offriront une protection de longue durée. Plusieurs sont en développement. Un vaccin est également en cours de développement contre la souche Soudan, une autre que celle dite Zaïre qui sévissait en Afrique de l'Ouest.
Partie du sud de la Guinée fin 2013, la récente épidémie en Afrique de l'Ouest a été la plus grave depuis l'identification du virus en Afrique centrale en 1976, avec plus de 28 000 cas recensés dont plus de 11 300 décès.